Blue Ruin
de Jeremy Saulnier
Quinzaine des réalisateurs
Prix FIPRESCI


Sortie en salle : 9 juillet 2014




De sang froid

Le début du récit ressemble à Borgman, de par les déambulations d'un vagabond (Macon Blair), agité mais dont on a du mal à comprendre l'angoisse. Le film prend très vite le ton et la tournure d'un polar. Une policière informe Dwight que l'assassin de ses parents a été libéré après plusieurs années de prison. Dwight n'a alors qu'une obsession : se venger. Pour cela, il devra abattre l'homme et peut-être ses frères, tout en protégeant sa propre famille, menacée de représailles. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2013, ce film a dû attendre un an avant de connaître une exploitation en salles. On se demande pourquoi. Le scénario est efficace, et le cinéaste est habile à conter le cercle infernal de la loi du talion, dans une société où les armes à feu se trouvent comme des petits pains et dans laquelle l'individualisme communautaire règne. La métamorphose physique de Dwight, contraint de se couper les cheveux et la barbe et d'avoir l'apparence vestimentaire de l'Américain moyen pour passer inaperçu, est le premier jalon d'une série de faux-semblants et de rebondissements, sans abus des retournements de situation téléphonés.

Épuré et limpide, le scénario de Blue Ruin bénéficie d'une mise en scène sobre et sèche, qui alterne les moments de tension et les morceaux de bravoure, à l'image de cette séquence dans laquelle Dwight est amené à enlever une flèche qui a atteint sa jambe.

Certes, Saulnier connaît ses petits Tarantino et Coen par cœur et le lot de cervelles éclatées et de poursuites glauques rappelleront les meilleurs moments de Pulp Fiction ou Fargo. Pour autant, le cinéaste ne se laisse pas écraser par ses modèles et apporte un style personnel, qui fait de ce film policier une agréable série B d'auteur, décalée tout en adoptant le premier degré.

Les interprètes, peu connus, sont étonnants, à commencer par Macon Blair qui est un peu le pendant masculin de Frances McDormand. Les seconds couteaux sont réjouissants, de Kevin Kolack en brute encoffrée à Devin Ratray en ami d'enfance d'une bonhomie trompeuse.

Gérard Crespo


 

 


États-Unis - 1h30 - Scénario : Jeremy SAULNIER - Interprétation : Macon BLAIR, Devin RATRAY, Kevin KOLACK, Eve PLUMB, Amy HARGREAVES, David W. THOMPSON, Brent WERZNER, Stacy ROCK, Sidné ANDERSON, Bonnie JOHNSON.

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