Les Voisins de Dieu
God's neighbors
de Meni Yaesh
Semaine internationale de la critique
Prix SACD


Sortie en salle : 27 mars 2013




« Voisins un peu trop bruyants… »

Dès la première séquence, Meni Yaesch annonce la couleur, ou plutôt les couleurs. Les contrastes de tons et de valeurs de son premier long métrage Les Voisins de Dieu, en feront à la fois l’élégance originale et la disgrâce formelle.
Dans un décor de banlieue de Bat-Yam, trois bons copains se posent en justiciers de l’ordre moral et religieux de leur quartier, n’hésitant pas à passer à tabac quelques jeunes arabes aux autoradios un peu trop boostés… Leur chef Avi, aussi bon bagarreur que musicien, passe de ses compositions de clips religieux à sa batte de baseball, vérifiant les fermetures de magasins lors du shabbat, cassant du vendeur de DVD érotiques à la sauvette, morigénant les jeunes filles aux jupes un peu courtes… C’est dans une de ces jupes que Miri, nouvelle voisine, va jouer l’élément déclencheur d’un parcours sinon initiatique, en tout cas de transition, pour Avi. De manière un peu appuyée mais efficace, le réalisateur nous fait conjecturer que ce pourrait être la frustration sexuelle qui renforce l’adhérence aux dogmes religieux et qui exacerbe les tensions claniques.


Avi va se questionner en confrontant son individualité révélée aux comportements du groupe. Si la narration, très bien maîtrisée, permet de ne pas tomber dans le cliché de l’amour salvateur et rédempteur d’un fanatisme religieux, la forme est plus discutable. Jouant sur les films de genre, à la limite de la caricature, Meni Yaesch n’y va pas de main morte dans les scènes de combat et manque de finesse dans les dialogues plus intimes… C’est là sans doute que le contraste de tons marque le film d’une maladresse qui devient balourdise quand la bande-son surajoute ses effets « comic trip » mal mixés. Ce qui aurait pu apporter la richesse d’une dissonance est du coup davantage ressenti comme une discordance qui appauvrit l’ensemble. Dommage ainsi que le film peine à trouver sa propre modulation, d’autant qu’il est servi par une très juste interprétation, en particulier de Roy Assaf (Avi) et la fraîche mais fiévreuse Rotem Ziesman-Cohen (Miri).

Jean Gouny



1h38 - Israël - Scénario : Meni YAESH - Interprétation : Roy ASSAF, Gal FRIEDMAN, Itzik GOLAN.

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