Sauna on Moon
Snowtown
de Zou Peng
Semaine internationale de la critique







Des lendemains qui dansent

Besoin d'un instant de plaisir ? Les filles de "la lune de Chang'e" pourront assouvir vos désirs... Argent, sexe, prostitution... Le nouveau long-métrage de Zou Peng, Sauna on Moon, traite de sujets qui ne manqueront pas de faire crier les esprits. Réactions.
Grâce à des plans fixes mais aussi subjectifs, le point de vue de certains protagonistes est transmis à l'écran : à l'envers comme à l'endroit, leurs perceptions visuelles sont là. Des gémissements s'évadent d'une voiture garée. Une image retournée : regard d'une femme brûlante d'une pulsion sexuelle insatisfaite. C'est une prostituée.
Entre maison close et jambes ouvertes, Wu, gérant de cet empire du sexe à Macao, tente d'instaurer un paradis d'érotisme sans égal. Des filles par dizaines, une seule mission. Appétit pour le sexe, dépourvu de passion. Tandis que Lei est derrière les barreaux, Yiu a perdu la raison et d'autres s'imaginent chanteuses, échappatoire à cette vie de soumission à l'homme.
Le chant des vagues, claquement des talons. Enthousiasme sonore, sur fond de comédie : Il faut de l'enthousiasme, ces jeunes feignent donc l'orgasme. Très subtile mise en scène, qui livre au spectateur une image chargée de réalisme en couleurs. Sauna on moon donne à réfléchir, sans tomber dans le manichéisme de la dénonciation. Constatation proche du documentaire, ce film met en scène des acteurs sans expérience, révélant ainsi un humanisme et une naturalité saisissants. Toutefois, les images se décousent et le scénario se révèle défaillant : l'incertitude de la scène finale persiste toujours.
L’humidité des lieux se mêle à celle de l'extérieur. L'azur des nuées se reflète dans les profondeurs de la mer, des vagues d'écume ondulent l'horizon. Un arc de couleurs se dessine, comme pour couronner le spectacle. La note salée des clients est en fait le miroir d'une société dominée par l'argent. En Chine où la démocratie se porte mal, les problèmes sociaux et politiques se fondent dans l'expansion économique. L'argent, rien que l'argent. Des machines à sexe ambulantes pour un capital en mouvement. Confrontés à cette situation, tous rêvent de lendemains qui dansent.

Diane D'Angelo
Lycée Clémenceau de Nantes

Le bordel de Zou Peng

Bienvenue au Sauna on Moon de Monsieur Wu. Ici vous pourrez profiter des nombreux plaisirs offerts par de jolies filles aux mœurs légères. Malheureusement le rêve de paradis sexuel de M. Wu est en faillite ; il tentera par tous les moyens de redonner vie à son utopie terrestre à l’aide de la bonne volonté de ses comparses. Petit à petit nous apprenons à connaître la vie de ces employées qui mènent la danse face à un chef désemparé suite à des problèmes d’argent dus à la crise économique.

Dans un style complètement déstructuré, le jeune cinéaste chinois Zou Peng nous livre son deuxième long métrage de fiction. Il a su s’allier d’un directeur de la photographie d’exception, dénommé Yu Lik-wai. Celui-ci rend la plastique du film extraordinaire grâce à des couleurs vives et des plans géniaux en nous peignant une fresque enrichissante de la Chine contemporaine. Cependant, même si la photographie se démarque, le scénario reste brouillon et la mise en scène est aussi bordel-ique que la vie des protagonistes. La présence culturelle est omniprésente et s’impose par une musique très traditionnelle. Une communion s’installe alors entre traditions et sexualité libérée comme si c’était l’évolution due à l’influence occidentale.

Les qualités esthétiques et l’aspect social bien développé par Peng ne font pas le poids contre un scénario quasi incompréhensible, hermétique à toute émotion. On est déçu par un film que l’on attendait beaucoup et auquel on trouvait un grand potentiel.

Océane Janton
Robin Vial-Pradel
Marina Roman

Lycée Estienne d’Orves de Nice

Bienvenue au royaume du plaisir

Un lapin blanc. La pluie s’abattant sur la région de Macao. Une atmosphère tropicale, humide et nous sommes d’emblée emportés dans l’univers psychédélique de Zou Peng qui nous emmène dans la conscience (ou l’inconscience) même de la Chine contemporaine. Ainsi, c’est par l’image et la représentation d’un bordel de Canton que le réalisateur nous questionne sur l’impact social du modèle économique de ce pays en pleine expansion.

Inspiré par différents réalisateurs asiatiques comme Wong Kar-Wai ou Jia Zhangke, le style cinématographique de Sauna on Moon est la « réflection » d’une Chine en perte d’identité et noyée dans un flux sanguin de mondialisation. La mise en scène et les couleurs du film en témoignent : éclatantes comme une piqûre tourbillonnante d’endorphine. Le thème central de l’œuvre est sans nul doute l’argent et la volonté de réussir dans un pays où l’emploi et la condition de vie est de plus en plus une question de compétition. Ainsi, nous avons le personnage de M. Wu, gérant de cette maison close en combat permanent contre la faillite de son « commerce », vénérant naïvement un « dieu de la richesse » . La satire de la société chinoise du XXle siècle se reflète aussi dans la quête et la motivation des jeunes filles voulant vivre, malgré leur condition, du plaisir et de la satisfaction des hommes.

Reste néanmoins un problème majeur ; celui de la narration qui est, à l’image du bordel que tient M. Wu, déstructurée et tachée par une vision avortée du scénario. Le spectateur est ainsi dérangé par cette confusion des personnages, de l’histoire et de la linéarité troublée du récit.

Film teinté d’un humour ironique, Sauna on Moon est une oeuvre à expérimenter sous acide dans une complaisance autosuffisante d’un délire hypnotique.

Rémy Bastrios
Romaric Siennat

Lycée Pablo Picasso de Perpignan


Barbie girl in bay world

Sauna on Moon, deuxième film réaliste de Zou Peng, est axé cette fois sur le thème de la prostitution. Intrusion dans le milieu de l'industrie du sexe. Le rêve de monsieur Wu ? Bâtir un royaume du plaisir. Ce gérant doit trouver un nouveau concept pour relancer ses affaires, recruter des prostituées et les former.

L'ambiance installée, avec les symboles traditionnels chinois tels que le feng-shui ou l'année du lapin, plonge immédiatement dans un univers plutôt méconnu, celui de la nouvelle Chine en pleine expansion économique. Le désir est au centre du scénario : les femmes du sauna occupent leur vie à assouvir les fantasmes des hommes. Et, à la manière de toute l'industrie du pays, le désir devient un commerce.

Malgré la montée en puissance du pays ces dernières années, l'exploitation des habitants est clairement perceptible dans le film. L'ordre dirige la population. Le parallélisme entre la formation exigeante à la prostitution et au militarisme renvoie à cette idée d'instruction stricte, et en même temps au modèle autoritaire du pays. La jeune femme initiée au métier dans Sauna on Moon était à l'origine une ouvrière, déjà exploitée sous une autre forme. Le discours qu'elle a reçu était le même dans l'usine que dans le club: « travailler avec enthousiasme ». Quel serait alors son profit à quitter l'oppression des usines pour l'exploitation par les hommes ?

Cependant, les prostituées étudiées ne semblent pas dérangées par cette forme d'esclavage ; les filles s'exécutent sans ne jamais laisser paraître le moindre dégoût. Au contraire, leurs cris hystériques transmettent une joie de travailler dans un milieu « fantaisiste » ; le jeu est d'ailleurs mis en valeur à plusieurs reprises avec des intermèdes de jeu-vidéo, des accessoires sexuels ou des déguisements de femme-enfant… Ainsi, la vision du monde de la prostitution apparaît peut-être comme trop optimiste: « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. »

Sauna on Moon est un film difficile à aborder sans un minimum de connaissances sur la Chine moderne, en plus de sa mise en scène parfois confuse. L'œuvre laisse donc au spectateur la possibilité d'interpréter sous plusieurs angles le thème de la prostitution dans un pays sous dictature.

Salomé Chauveau
Laureline Marsault
Lucie Thumerelle

Lycée Savary de Mauléon des Sables d'Olonne




1h35 - Chine - Scénario : Zhang YANG - Interprétation : Wu YUCHI, Yang XIAOMIN, Lei TING

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