Pirates des Caraïbes : La fontaine de jouvence
Pirates of the Caribbean : on Stranger Tides
de Rob Marshall
Sélection officielle
Hors compétition



Sortie en salle : 18 mai 2011




Sans bouée de sauvetage

Tous les ans, un blockbuster est présenté hors compétition à Cannes : au mieux, cela donne Là-haut ou un épisode de Star Wars ; au pire, ce sont les projections de Matrix Reloaded, Da Vinci Code ou de ce soporifique volet d'une saga à succès, agrémenté d'une inutile 3D. Pirates des Caraïbes : la malédiction du Black Pearl avait insufflé un nouvel élan à un genre que même Polanski n'avait pas réussi à ressusciter. Johnny Depp en capitaine Jack Sparrow y connut une grande ferveur populaire, lui destiné jusque-là aux rôles cultes du grand cinéma américain indépendant (Jarmusch, Burton...). Quatrième épisode de l'épopée maritime, La fontaine de jouvence voit Rob Marshall succéder à Gore Verbinski aux commandes du navire : jamais l'auteur de Chicago ne parvient à animer ce produit sans âme et encore moins à y apporter une touche personnelle. L'œuvre souffre d'une surcharge narrative, les récits parallèles parasitant une trame principale.

En confondant rythme et précipitation, action intense et montage psychédélique, Marshall fait office de Spielberg du pauvre et la moindre séquence de Indiana Jones et le temple maudit (une antiquité pour les teenagers des multiplexes) écrase indubitablement le film. L'intrusion du surnaturel aurait pu enrichir la machinerie : elle s'avère un pétard mouillé après les prouesses artistiques et techniques de ces dernières années dont celles du Seigneur des anneaux et des premiers Harry Potter. On sauvera toutefois une impressionnante attaque de sirènes. Quant à l'interprétation, elle est très inégale : Geoffrey Rush offre une prestation savoureuse et Sam Clafin est une révélation en jeune prêtre détourné de sa mission ; mais Penélope Cruz, merveilleuse dans Volver ou Vicky Cristina Barcelona, semble aussi égarée et empruntée que Gina Lollobrogida dans sa période hollywoodienne. En résumé, ce naufrage sans appel ne peut que donner envie de revisiter les grands classiques du genre, de L'aigle des mers de Michael Curtiz (1940) à Princess Bride de Rob Reiner (1987).

Gérard Crespo


2h20 - Etats-Unis - Scénario : Tedd ELLIOTT, Terry ROSSIO - Interprétation : Johnny DEPP, Penélope CRUZ, Geoffrey RUSH, Judy DENCH, Richard GRIFFITHS.

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