La conquête
The Conquest
de Xavier Durringer
Sélection officielle
Hors compétition



Sortie en salle : 18 mai 2011




« Les hommes politiques c’est des vraies bêtes sexuelles »

Au-delà – entre autres noms d’oiseau – des « gesticulateur précoce » ou « la pie qui chante », dont le président Chirac et le ministre des Affaires étrangères Villepin affublent le locataire successif (ou cumulatif) de l’hôtel de Beauvau, de Bercy ou du 55 rue de la Boétie lors de la course à la présidence de 2007, la réplique a incontestablement fait mouche auprès d’un auditoire tout entier baigné dans le feuilleton DSK. Mais inévitablement, la même affaire a quelque peu étouffé les effets de la bombe annoncée avec la projection de La Conquête de Xavier Durringer.

Le parallèle reste cependant intéressant, qui permet de constater – et sûrement de regretter – que le langage utilisé par les Grands de France sous les ors de la République est à peu près aussi ras du gazon que le french bashing dont se repaissent en ce mois de mai les tabloïds américains, eu égard à notre french lover de service : the Perv., the french toast, the french whine, frogs legs… Concédons cependant à notre ex-président une certaine suprématie poétique dans des envolées lyriques telles que : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. » ou « J’aurais dû l’écraser. Et du pied gauche encore. Ça m’aurait porté chance. » Si Villepin essaie de se convaincre que « la France n’est pas NAP », les divagations verbales de ses dirigeants le sont moins encore.

Il reste que tous les protagonistes sont à saluer pour leur bluffante performance d’acteurs, et non d’imitateurs, avec une mention spéciale à Bernard Le Coq en Jacques Chirac. Il reste aussi l’histoire d’amour entre Cécilia et Nicolas dont le unhappy end vient télescoper d’un semblant d’humanité et de fragilité cet océan de médiocrité et de bassesse. Et dans ce domaine là, c’est Dominique de Villepin, grand persifleur et renard machiavélique, qui fait le plus les frais de la farce.

Après avoir quand même ri pour éviter d’en pleurer, le pire était sans doute de devoir réentendre et revivre le remake d’un film dont on se serait bien passé de l’original voici cinq ans. Oubliant que nous étions dans une fiction, d’aucuns ont d’ailleurs quitté la salle dès l’épisode du Fouquet’s, façon de dire : « Ça va bien… on connaît la suite. »

Marie-Jo Astic


1h45 - France - Scénario : Xavier DURRINGER, Patrick ROTMAN - Interprétation : Denis PODALYDES, Hippolyte GIRARDOT, Florence PERNEL, Bernard LE COQ, Michèle MORETTI, Samuel LABARTHE.

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