Belmondo, itinéraire...
de Jean-François Domenech & Vincent Perrot
Sélection officielle
Cannes classics








« Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la ville, allez vous faire foutre ! »

Depuis la présentation de Stavisky (Alain Resnais, 1974), dernière incursion de l'acteur dans le cinéma d'auteur, Jean-Paul Belmondo n'était plus venu à Cannes. Une soirée spéciale lui a été consacrée, au cours de laquelle il a obtenu une Palme d'or d'honneur, entouré de nombre de ses partenaires et amis : Claudia Cardinale, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Charles Gérard, Claude Lelouch... Le documentaire Belmondo, itinéraire... retrace la carrière d'un comédien majeur du cinéma français, dont l'apparition dans À bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1960), avait constitué un coup de tonnerre. Mélange de James Dean et de Michel Simon, Belmondo crevait l'écran et régnera pendant plus de trente ans sur le box-office. Composé d'entretiens avec des cinéastes, techniciens et acteurs qui ont collaboré avec lui, d'images d'archives et d'extraits d'œuvres marquantes, le film évoque le jeu de l'acteur, depuis son échec au Conservatoire à ses dernières productions pour Lelouch ou Leconte. L'homme n'est pas oublié, dans sa touchante humanité et sa sympathie légendaire. Le plus émouvant réside dans les apparitions de comédiens cultes dont les regrettées Annie Girardot et Marie-France Pisier, cette dernière déclarant que le très populaire As des as (Gérard Oury, 1982), était son seul film dont se souvenaient les enfants avec qui elle discutait dans la vie...

Il est dommage que certaines personnalités n'apparaissent pas à l'écran : on aurait aimé le point de vue de Godard, Resnais, Anna Karina, Emmanuelle Riva et d'autres, qui ont pu côtoyer la star et dont les propos auraient sans doute donné un éclairage supplémentaire. Et l'on regrettera aussi l'absence de recul critique de ce qui apparaît sans doute comme une (bonne) hagiographie. Il est surprenant de constater que la popularité de Belmondo a connu son apogée dès lors qu'il est devenu Bebel et a effectué d'inutiles pirouettes sur le toit d'un hélicoptère pour Verneuil, Lautner ou Deray. Icône de la Nouvelle Vague, l'acteur s'est quelque peu compromis en cabotinant dans maints films commerciaux qui ont quelque peu écorné son image auprès des cinéphiles, à une époque ou Depardieu ou Dewaere ont incarné une autre modernité et où Serrault et Noiret abordaient avec bien plus d'audace les rôles de maturité. Ces réserves n'empêchent pas le document d'être attachant et il serait souhaitable de faire (re)découvrir aux jeunes générations l'immense acteur de Pierrot le Fou, Léon Morin, prêtre et Le Magnifique.

Gérard Crespo


1h26 - France - Documentaire

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