Les acacias
Las acacias
de Paolo Giorgelli
Semaine internationale de la critique
Caméra d'or
Prix ACID/CCAS
Prix OFAJ de la (Toute) jeune Critique



Sortie en salle : 4 janvier 2012




Chargée de sacs, chargé d'émotions

Las Acacias est le premier film de l'Argentin Pablo Giorgelli, tout en retenu, sur la découverte des émotions par un homme qui n'a jamais eu l'occasion de les exprimer.

Un routier transporte une femme, Jacinta, et son enfant, du Paraguay à Buenos Aires. Las Acacias s'inscrit dans le genre du film initiatique, dans la mesure où il y a une réelle progression des émotions simples.

Le jeu de German De Silva est remarquable et va de pair avec l'évolution de la rencontre : son visage s'illumine petit à petit. Le film est tellement poussé dans les émotions que les sentiments et le malaise de Rubén ont tendance à déteindre sur nous. En effet, le spectateur accompagne du début à la fin ces deux protagonistes mal à l'aise. Au fur et à mesure que la solitude du camionneur s'éloigne, la monotonie que l'on pouvait craindre disparaît, laissant l'émotion des personnages nous gagner.

Ce trajet tourné en huis clos dans la cabine du véhicule crée une situation oppressante car intime. Seules les escales viennent soulager cette tension. Ce choix de lieu unique se justifie par la suppression de tout artifice, dans le but de se concentrer pleinement sur la valeur notable des sentiments. Par ailleurs, l'absence de musique participe à l'écoute attentive et ainsi à l'importance des mélodies naturelles, créant une certaine douceur.

La cabine emprisonne la parole, remplacée par le regard. Celui-ci occupe alors un rôle important car il devient l'unique moyen de traduire la pensée. D'ailleurs l'attendrissement du spectateur passe principalement par le regard, entre autre celui du bébé. La présence de cette petite fille, qui effectue le lien entre les deux personnages, véritable centre d'intérêt et d'observation, permet de renvoyer dans le passé de Rubén dont la paternité a échoué. L'alternance entre les deux sortes de regard (à sens unique pour l'observation et mutuels pour la complicité) est parfaitement équilibrée et rythme la rencontre entre la découverte de l'autre et la sympathie qu'il nous inspire.

Finalement, cette femme chargée de sacs, aura permis à Rubén de se découvrir...

Salomé Chauveau
Laureline Marsault

Lycée Savary de Mauléon des Sables d'Olonne


À bord du Scania 111

Un camionneur, une femme, un nourrisson et un pays à traverser pour rejoindre Buenos Aires. Voici la base de Las Acacias, premier long métrage de Pablo Giorgelli en tant que réalisateur. Déjà reconnu pour son travail de monteur notamment sur Sólo por hoy d’Ariel Rotter, Giorgelli nous livre un road trip émouvant en nous plaçant au cœur du voyage grâce à sa prise de vue pénétrante. C’est avec pudeur et douceur que nous rencontrons ces trois protagonistes à mesure qu’eux-mêmes se découvrent.

Dès le commencement, le silence domine totalement ; seul le bruit lourd du moteur rythme l’action et cela tout au long du film. Un sentiment d’inquiétude s’exprime à travers les regards des personnages. Nous-mêmes sommes mal à l’aise face à cette situation. Cependant une relation de confiance s’installe peu à peu. Ce film est une source exceptionnelle d’émotion d’une part grâce à une sensibilité touchante du jeu des acteurs ainsi que l’importance du nourrisson qui va créer tout en finesse la complicité silencieuse entre les personnages. Le routier entrevoit alors l’espoir que tout puisse changer, l’espoir d’une nouvelle famille. Le paysage chaleureux et verdoyant aux couleurs éclatantes nous livre un horizon prometteur contrastant avec la sobriété à huis clos du camion et la monotonie de la route.

Giorgelli aborde dans cette œuvre le thème d’un conflit intérieur, dû à une paternité refoulée, très chère à son cœur. Il impose un rythme lent qui pourra déplaire, mais tellement juste. Il dévoile ainsi son art subtil offrant aux spectateurs une expérience humaine d’une honnêteté formidable.

Océane Janton
Robin Vial-Pradel

Lycée Estienne d’Orves de Nice

Voyage au fond de soi-même

Articulé de manière calme et contemplative, ce premier film du réalisateur argentin Pablo Giorgello est un moment de grâce absolu. En effet, pris dans un huis clos intimiste, le spectateur arrive à ressentir de manière parfaite la solitude et la tristesse du personnage principal, nous emportant dans un « road-movie » où la parole se fait rare. Las Acacias, nom chargé de poésie, est donc un film hautement sensoriel et émotionnel. Nous sommes d’emblée emmenés dans le film par un rythme lent et serein, qui sera la marque, tout au long de celui-ci, de ce jeune cinéaste déjà très prometteur.

L’histoire, épurée et dénuée d’artifices, n’en est pas moins intéressante qu’elle propose une réflexion pertinente sur la solitude de l’homme et le rapport avec la parole. Le héros, que nous suivons tout au long de l’œuvre est un camionneur, âgé de la quarantaine et enfermé, tant dans la cabine de son véhicule que dans l’obsession de son silence et de sa solitude. Il fera, par la suite, la rencontre d’une jeune femme et de son bébé, qu’il emmènera, dans un long voyage, du Paraguay à Buenos Aires.

Cadencée par une caméra essentiellement de plans fixes, l’esthétique du film épouse parfaitement la charge émotionnelle des personnages. Ainsi, la couleur de la pellicule, chatoyante, chaude et merveilleusement orchestrée par Diego Poleri, est un voile parfait pour dépeindre ce que les mots ne disent pas. Tout au long du film, la parole se fait moins rare et les personnages se reflètent et se construisent lentement. Le héros, Ruben, face au regard de l’enfant et de la mère, est confronté à la figure du père qu’il n’a jamais pu être. De ce fait, le film retrace de façon parfaite le conflit intérieur d’un personnage perdu et errant.

Las Acacias, film dont la musique entraînante n’est autre que le moteur toujours allumé d’un camion, réussit avec brio à renouer avec un genre cinématographique souvent compliqué à traiter : le « road-movie ». Mêlant différents thèmes et accentuée d’une émotion intense, cette œuvre pourrait être le départ d’une carrière brillante pour Pablo Georgelli, nouveau représentant d’un cinéma argentin toujours plus présent sur la scène internationale.

Rémy Bastrios
Lycée Pablo Picasso de Perpignan

 

Douceur autoroutière...

Joues gonflées, regard sévère, poils hérissés : on ne reprochera pas à Rubén sa réaction, agacée dirons-nous, face aux hurlements d’un jeune enfant. Pour notre camionneur, qui doit emmener Jacinta, une jeune Paraguayenne et son nourrisson de Asuncion à Buenos Aires, le voyage s’annonce pesant. Et pourtant…

Le road movie de Pablo Giorgelli nous entraîne dans un périple autoroutier au décor fait de camions rouillés, de stations service vieillissantes, et de paysages argentins sans éclat. Les grondements du moteur, les cris de l’enfant, donnent aux rares dialogues une résonnance atypique. Dans un réalisme pur, le réalisateur ne cherche pas à agir, à imposer au paysage ses personnages et leurs quêtes de sens. Avec naturel et simplicité réaliste, l’habituel folklore hispanique est ici remplacé par quelques jaunes, et rouges peu vifs, et une verdure terne.

Apaisé, apaisant, cet univers routier naturellement épuré légitime et s’accorde avec le silence et le calme de nos personnages.

Il faut dire que Rubén est peu loquace. Solitaire et renfermé, il va pourtant devoir laisser entrer dans son étroite cabine, sanctuaire de son histoire et de son intimité, deux voyageuses. Trois acteurs, deux passés tourmentés, et une vie, une toute jeune vie, Anahi. Petite tête ronde aux yeux noirs éclatants, l’enfant ne parle pas et va pourtant tout dire. La relation qui s’établit petit à petit avec l’Homme, de futilités apparentes qui se transforment en gestes puissants et attentions pleines de sens. Une âme se libère dans ce film et elle vient caresser l’esprit de son public.

Ni intrusif, ni désinvolte, le parti-pris des cadrages invite le spectateur au voyage tout en laissant aux personnages une intimité et une pudeur qui sonnent très justes.

De ce voyage silencieux va émerger une vérité, une liberté. Humanité et simplicité auront redonné à ce conducteur qui s’en était éloigné, l’envie d’une route inexplorée. Au fil de la route, notre personnage va s’ouvrir, la confiance surgir, le sourire sévir.

Doux voyage, curiosité de la relation humaine…

Lycée Clémenceau de Nantes




1h25 - Argentine - Scénario : Paolo GIORGELLI, Salvador ROSELLI - Interprétation : German de SILVA, Nayra CALLE MAMANI, Hebe DUARTE.

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