The Tiger Factory
de Woo Ming jin
Quinzaine des réalisateurs







« Rappelle-toi de ne pas te lever si vite »

Quatrième film d’un cinéaste présenté comme ambassadeur de la Nouvelle Vague malaisienne, The Tiger factory est l’exemple parfait de l’impact que peut donner – ou non – à un film son modus operandi, assorti du doute dans lequel il peut plonger quiconque aurait mal appréhendé la première vague.

Une histoire forte, sordide, un sujet courageux certes mais traité avec une telle distanciation et une telle apathie du personnage principal, qu’en comparaison La Nostra Vita, épinglé pour son inaptitude à éveiller l’émotion, prend des airs de grandiloquence sentimentale.

Ping Ping, 19 ans, survit sous la tutelle hostile de sa tante, Mme Tien, qui l’exploite à travers une double peine professionnelle : employée dans une ferme d’élevage porcin et dans un restaurant. De rince-cochon en rincettes, logée dans un espèce de grand placard glauque qu’elle partage avec sa copine Mei, elle tente d’économiser pour émigrer au Japon et travailler dans une usine de pièces automobiles, quitte à arrondir ses débuts de mois en prélevant et vendant le liquide séminal des cochons dont elle s’occupe.

Pour tout arranger, Ping est enceinte, puis accouche d’un enfant réputé mort-né, contre lequel sa tante lui verse une petite somme. Ping prend conscience que, cochon ou femme, c’est par la glandes connexion qu’elle pourra réaliser son « rêve » d’exil, pour lequel elle a besoin d’argent et d’un passeport. « Je veux essayer encore » dit-elle à sa tante, qui lui indique la bonne adresse : une usine à fabriquer des enfants, où des femmes louent leur utérus, ensemencé par des étalons locaux, en vue de vendre les bébés ainsi conçus. Ping s’y rend tous les jours propices, sacrifiant à un laborieux rituel qui porte le pathétique à son paroxysme.

Sur fond de racisme, de travailleurs clandestins qui veulent rester et a contrario d’autochtones qui veulent émigrer, il arrivera bien des mésaventures à Ping sans que jamais elle ne se départisse d’une atonie qui, à la longue, vient à bout de toute la compassion que l’on est censé ressentir pour tant d’abomination. Même si on a bien compris que là résidait tout l’intérêt du film et de sa facture, l’envie manque de s’en délecter.

Marie-Jo Astic


1h24 - Malaisie, Japon - Scénario : WOO Ming jin, Edmund YEO - Interprétation : LAI Fui Mun, Pearly CHUA, Susan LEE.

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