Le Mythe des soirées pyjamas
The Myth of the American Sleepover
de David Robert Mitchell
Semaine internationale de la critique
palme

Sortie en salle : 18 juin 2014




Une étoile filante

L'adolescence période fondatrice de la vie, permet à chacun de faire des choix pour construire un certain avenir , elle le confronte à des situations remplies d'émotions de joies mais également de malheurs. Elle lance un défi à l' adolescent dont lui seul pourra être vainqueur grâce à des valeurs morales telles que le devoir et le droit. Vainqueur pour prendre sa place dans la société et franchir la frontière vers le monde que les adolescents appellent « le monde des grands »

The Myth of the American Sleepover produit par le réalisateur David Robert Mitchell marque parfaitement l'enjeu d'une telle période. Les personnages sont pour ce réalisateur un morcellement de lui-même, ils montrent à quel point il peuvent être si différents mais en même temps identiques puisqu'ils recherchent une seule et même chose : l'intégration. Ce mythe propre à ces jeunes les rassemble directement et indirectement lors d'une nuit qui sera la clé pour franchir la frontière.

Cette nuit sera pour ces adolescents le moment idéal pour remporter le défi.

L'alcool, l'eau seront les principaux moyens pour ces jeunes de se rassembler. Mais le plus important pour eux sera de pouvoir embrasser quelqu'un avant que le jour ne se lève.

Une véritable course contre la fuite du temps qui s'écoule aussi rapidement qu'une étoile filante, il faut donc se dépêcher pour accomplir cet acte si sacré : le baiser.

Pendant cette nuit ils y seront arrivés , tous différents mais tous affolés par la même idée d'avoir accompli le mythe.

Maggie reste seule à résister à la précipitation affirmant que la frontière ne s'affranchit pas en une nuit mais en plusieurs mois.

Ici réside peut être le message du film : prendre son temps pour apprécier ce qui est précieux.

Louisa Soenser, Lycée Carnot de Cannes


Le temps des incertitudes

On ne peut pas dire que l'adolescence soit un sujet original ou peu revisité. Pourtant ce film ne tombe pas dans le stéréotype ni même dans le cliché. David Robert Mitchell met ici en scène la vie de quatre adolescents. Finalement il est difficile de distinguer les protagonistes, eux mêmes entourés de nombreux autres jeunes. Ce film nous montre des fêtes, des « soirées pyjama » et autres activités durant lesquelles les adolescents aiment se retrouver. Rien de nouveau jusque là. Mais il se distingue par la façon dont il nous les présente. Là où d'autres réalisateurs auraient choisi une lumière plus vive, plus colorée, David Robert Mitchell, lui, joue sur une ambiance plus nuancée. Alors pourquoi cette lumière maussade pour qualifier l'adolescence ? Sûrement l'auteur a voulu marquer ainsi la différence d'époque ou peut être s'en sert-il pour qualifier l'état d'esprit de ces jeunes encore si peu sûrs d'eux. On retrouve cette hésitation dans la façon de cadrer, de filmer. Le réalisateur utilise des cadrages obliques et la mise au point est parfois volontairement floue. Pourtant ce n'est pas choquant. Ces jeunes aussi se cherchent. Et, finalement, cette façon de filmer si enfantine nous renvoie à l'insouciance de ces adolescents. Nous les accompagnons en musique à la recherche de l'amour, une musique qui pourtant paraît récente et qui crée un contraste entre notre époque et ces jeunes des années 1990. Un lien en quelque sorte qui rapproche nos deux jeunesses. Malgré la différence d'époque, nous nous retrouvons tous un peu dans ce film. Il nous rencontre. Il aborde des sujets universels. L'alcool, les amis, l'amour... On peut en fait résumer ce film grâce à une de ses scènes, celle où un jeune homme demande à la fille assise à côté de lui s'il peut lui prendre la main. Elle hésite, elle finit pas accepter. C'est le temps des incertitudes.

Victoria Diaz, Lycée Henri Martin de Saint Quentin


À quelques pas de l'âge adulte

David Robert Mitchell nous offre un film sur les relations adolescentes. En une nuit il retrace ou définit ce qu’est : être adolescent. Côté filles et côté garçons, le jeune réalisateur décrit finement les sentiments de chacun. Un film sur une période de la vie qui nous concerne tous, ayant une vocation divertissante.

La vie adolescente est sensiblement retranscrite avec humour, évidemment par le biais de clichés. Les garçons regardent des magasines érotiques, « matent » les filles dans les supermarchés et, la nuit, ils sortent avec des œufs et du papier toilette pour s’amuser un peu. Les filles sont elles aussi à la recherche de garçons et leur jeu favori est la séance de spiritisme pour les ensorceler. Ils commencent séparés chacun de leur côté puis se mélangent au cours de la nuit. Ces clichés sont parfois vrais et amusants : chacun peut se retrouver à travers ces personnages.

La musique emmène bien le film avec beaucoup de guitares du rock à la country en passant par le jazz en big band pour les danseuses : elle impose un rythme et inspire bien la jeunesse. Celle-ci n’a pas d’âge, on pourrait parler des années 80/90, la génération du réalisateur, avec l’ancienneté des voitures, le magnétoscope qui date de ces années-là mais cela n’a aucune importance, aucune date précise n’est donnée : la jeunesse est éternelle.

Tous les âges sont représentés de la troisième à l’université, tous les comportements adolescents, de la rupture difficile à la recherche du premier baiser, des petits copains dont on n’est pas amoureux aux fantasmes de jeunes ados… Sensible et intelligent, ce film, bien que très américain, exprime avec justesse la situation adolescente occidentale.

Techniquement très propre, le rythme du montage alterné et parallèle nous plonge dans une globalité et non dans « un » personnage précis. Leur identité n’est pas importante, chacun apporte sa pièce au puzzle de l’adolescence.

Ce film s’impose dans son genre, il est fin et amusant, décrit bien ce qu’est le « mythe » de l’adolescence ; il doit rappeler des souvenirs à certains et les soirées pyjamas peuvent en inspirer d’autres…

Etienne Chédeville, Lycée Pierre Corneille de Rouen


Jeunesse désincarnée

La dernière nuit des vacances d’été, les destins de plusieurs groupes d’adolescents se croisent lors de soirées plus ou moins improvisées. Espérances éphémères, rêves impossibles et désirs inavoués vont nourrir leur vie de presque adultes.

The Myth of the American Sleepover est un film qui laisse une impression mitigée tant son contenu impalpable rebute et surprend à la fois. L’histoire de ces jeunes à la recherche du premier amour peut émouvoir, ennuyer ou laisser indifférent ; elle ne prend jamais réellement consistance et ne parvient que trop rarement à saisir le spectateur qui reste, contraint, sur « le bord de la route ». Le jeu des acteurs convainc, la musique séduit, et cependant on demeure à l’écart du récit. La faute sans doute à de trop nombreux ralentis ou effets de style à travers une réalisation appuyée, filmant au plus près les visages, les mains, les regards pour mieux, semble-t-il, faire ressortir l’émotion. Mais cette dernière reste absente, pour la plus grande partie du film. David Robert Mitchell braque sa caméra sur le vide, le néant des personnages et de leur existence, montre combien ils paraissent abandonnés, perdus, fantomatiques. Serait-ce donc pour cette raison que son film nous semble bâti sur un rien inintéressant, du moins au premier abord ? Qu’éprouve-t-on face à ce reflet flou et désincarné d’une jeunesse qui n’est plus vindicative : au contraire, elle a tout obtenu, tout « lâché »… ?

On ressort ainsi avec l’étrange impression d’être demeuré à la surface des choses, des êtres et des sentiments. Parallèlement, le film montre une facette de la culture américaine plutôt intéressante à travers cette approche sociologique de la jeunesse, bien que le sujet puisse très vite lasser dans son traitement. The Myth of the American Sleepover intrigue plus qu’il ne séduit, de par le cheminement de ses protagonistes, dont on devine très vite le terme, et la très grande naïveté mise en avant. Portrait d’une jeunesse en quête d’identité, ce film n’est au final ni un réel succès, ni un véritable échec, oscillant, comme ceux qu’il met en scène, entre les deux…

Aurore Marmin, Antoine Calmel, Lycée Jean Cassaigne de Saint-Pierre du Mont


1h37 - Etats-Unis - Scénario : David Robert MITCHELL - Interprétation : Claire SOMA, Marlon MORTON, Amanda BAUER, Bret JACOBSEN, Nikita RAMSEY.

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