Le Roi de l'évasion
The King of Escape
de Alain Guiraudie
Quinzaine des réalisateurs
palme

Sortie en salle : 15 juillet 2009




« Amours via gras » ou « Guiraudie, cinéaste Cathare taré » ou plus sage : « Laissez-le s’échapper ! »

Il y a des cinéastes qui arrivent par leur adresse à faire passer comme des lettres à la poste les plus improbables scénarios… Guiraudie en fait partie, même si ici, les lettres n’étant pas les seules à être timbrées, certains messages échouent en poste restante..

Armand Lacourtade a 43 ans ; il est représentant en matériel agricole et met toute sa bonhomie au service de la vente de tracteurs dans son fief albigeois. Armand est confronté à sa crise de maturité d’homosexuel vaguement tristounet, installé dans une routine de rencontres d’amants aussi désabusés que lui. Surgit Curly, une ado brute de décoffrage, lui sautant littéralement dessus après avoir été (à peine !) défendue par Armand contre un trio de loubards. Ravivé et interrogé par cette jeune fille embrasée, Armand va se lancer dans une relation qui va mettre le feu au canton… Poursuivis par un ubiquitaire policier, le furibard père de la jeune fille et une meute d’anciens amants – mais ils sont tous gays dans ce pays ? - les amants illégitimes deviennent la proie d’une battue aussi cocasse que décousue. Tout le monde baise ici, plutôt entre hommes, pas tout à fait dans des lieux romantiques, avec une fréquence de challengers, un peu aidés, avouons-le, par une mystérieuse racine de mandragore arrosée de semence par les « queutards »…

Armand et son physique de David Douillet, « héberge » le corps de la jeune Curly, dans des scènes de sexe où jamais le réalisateur ne semble mettre an avant un décalage qui serait calculé. Une authenticité paradoxale se dégage de ces moments pourtant souvent artificiels, surjoués par endroits, d’une naïveté qui le dispute à la crudité, et c’est un sentiment d’attachement plus que d’agacement qui reste.

Pour sa troisième participation à Cannes, Guiraudie renouvelle ainsi avec autant de malice que de maladresse son cinéma définitivement différent. Les ruptures de rythmes et de tons surprennent autant que son enracinement viscéral à sa région aveyronnaise qui accueille encore ici ses utopies sexuelles et sociales. Sans aucun doute Le Roi de l’Évasion ne tiendrait pas la distance sans l’interprétation remarquable de Ludovic Berthillot, tout en naturel débonnaire et de Hafzia Herzi, qui signe là, après son jeu remarqué dans La Graine et le Mulet, un rôle décalé qu’elle habite avec grande maîtrise.

Jean Gouny

 



1h09 - France - Scénario : Alain GUIRAUDIE - Interprétation : Hafsia HERZI, Ludovic BERTHILLOT, Luc PALUN, Pascal AUBERT.

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