Navidad
de Sebastian Lelio
Quinzaine des réalisateurs
palme

Sortie en salle : 04 novembre 2009




Bonheurs libres

Alejandro et Aurora, un jeune couple de lycéens, quittent Santiago pour passer Noël dans la maison de famille d'Aurora. Au pied des Andes, les frustrations d'Alejandro, et les doutes d'Aurora sur son identité sexuelle provoquent des tensions. Les deux jeunes sont au bord de la rupture lorsqu'ils découvrent la présence d'une jeune fille : Alicia, une fragile adolescente de seize ans qui s'est enfuie de chez elle. Réunis autour d'un arbre de Noël improvisé, Alejandro et Aurora sont fascinés par l'énigmatique Alicia qui devient peu à peu l'objet de leur désir. Alors qu'autour d'eux la ville célèbre Noël, ces trois orphelins vont vivre un singulier épisode amoureux et échapper à leur solitude...

Cela faisait longtemps que l'on avait pas de nouvelles cinématographiques du Chili. Ce Navidad sous opium, doux et amer, loin du modernisme artistique d'un pays en plein régime, navigue sur les eaux voluptueuses de la Nouvelle Vague. Sans grande interrogation ou renouvellement du genre, Sebastian Lelio livre une jolie parenthèse post-soixante-huitarde sur trois individus paumés dans leurs identités et leurs ambitions. Le récit assimile plutôt bien les codes stylistiques pour les appliquer à la sauce latine.


Le décor incarne parfaitement l'idée d'une liberté amoureuse sans barrières et d'une élévation humaine dans le plaisir, tandis que dialogues et situations se fondent à merveille dans l'anecdotisme d'une intrigue cousue de fil blanc, mais dont l'essence réside justement à la surface des choses, sur les détails pauvres d'un quotidien nostalgique, parsemé de douleurs passées et présentes. Le trio d'acteurs suit cette voie avec un naturel saisissant, et même si le récit manque de la spontanéité désirée lorsqu'il abandonne la joie et les fêlures routinières, rien ne l'empêche d'atteindre son but, à savoir une scène d'amour érigée en point culminant, climax ivre où les souffles incessants du désir prennent une allure de renaissance.

La liberté du bonheur, thème fédérateur de la Nouvelle Vague, s'installe ici dans le squelette d'un film discret et paisible sur la perte de l'innocence. En campagne, le soleil d'automne éclaire de ses rayons corps et visages, avant que la neige ne tombe. Dehors, la carcasse d'un lit déposé au bord du jardin, et tout autour des immensités de collines et de champs d'arbres d'un vert étincelant. Allongés sur ce lit au milieu de nul part, buvant le vertige de la Nature et sa beauté magique comme des exilés sur un radeau décrépi, les corps sont là, pleins d'amour, simples et vivants, profonds dans leur beauté et leur générosité.

Jean-Baptiste Doulcet


1h30 - Chili - Scénario : Sebastian LELIO, Gonzalo MAZA - Interprétation : Manuella MARTELI, Diego RUIZ, Alicia RODRIGUEZ.

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