Wendy et Lucy
Wendy and Lucy

de Kelly Reichardt
Sélection officielle
Un certain regard



Sortie en salle : 08 avril 2009





Le synopsis : Une femme dont la vie est en déroute est amenée à prendre une série de décisions après avoir perdu sa chienne, qu'elle tentera de retrouver dans une petite ville de l'Oregon...

GOODBYE HAPPINESS

Remarquée par la fraîcheur de sa première œuvre (Old Joy) , Kelly Reichardt revient avec un nouveau film intimiste dont la nature reste la principale protagoniste. Il suffit d'une fille et de son chien pour que le récit soit lancé ; soit l'histoire d'une jeune paumée qui voyage en Amérique et finit par perdre son meilleur compagnon à poils courts. Critique de l'individualisme qui régit les sociétés, Wendy et Lucy est aussi un film qui rappelle le cinéma de Van Sant dans son approche sensitive faite de scènes closes, intimes, toujours au plus près des visages et des corps. De simples feuillages suffisent à montrer l'harmonie avec la nature, la cinéaste préférant s'attarder sur le délabrement des hommes. et centrer son objectif sur les oubliés, jeunes ou vieux, dont la vie est passée inaperçue aux yeux du monde. Cette manière de filmer les marginaux fait l'essence du film ; s'y découvrent de jeunes SDF autour d'un feu, un vieux flic qui passe ses journées à attendre, et notre héroïne exténuée par l'injustice de son destin, (Michelle Williams, excellente et formidable de présence).


Wendy et Lucy joue donc de ce minimalisme de situation mais, malgré un cachet ''indépendant'' tout à fait charmant, Kelly Reichardt peine à nous faire partager les déboires de cette jeune femme perdue dans un si grand monde. Ses malheurs auraient pu être les notres, mais les carences du scénario et la platitude des péripéties pourront susciter l'ennui. Il y a une certaine sensibilité lorsque les visages sont filmés de près, un contact avec les personnages qui nous rapprochent un peu plus de cette infime odyssée ; seulement ce quotidien morne et sans merveille manque d'un épanouissement solaire, ou même d'une scène poignante, pour nous faire partager cette histoire d'amitié maintes fois rabâchée, entre l'homme et l'animal. La dernière scène, que l'on espérait culminante et déchirante, n'est en fait qu'une mince cadence, courte et discrète, certes modeste et sans effet lacrymal mais à laquelle il manque la force de l'aboutissement. L'amertume des personnages en ce sale monde remporte la victoire, sans même qu'un seul plan d'espoir n'y ait été esquissé. Wendy repart, effrontée, amoureuse, mais toujours paumée. Triste bilan.

Jean-Baptiste Doulcet


1h20 - USA - Scénario et dialogues : Kelly REICHARDT, Jon RAYMOND - Photo : Sam LEVY - Décors : - - Musique : - - Montage : Kelly REICHARDT - Son : - - Interprétation : Walter DALTON, Larry FESSENDEN, Will OLDHAM, Will PATTON, John ROBINSON, Michelle WILLIAMS.

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