Le Sel de la mer
Salt of this Sea
Milh hadha al-bahr

de Annemarie Jacir
Sélection officielle
Un certain regard

palme
Sortie en salle : 03 septembre 2008



Si la vitalité du film d'Annemarie Jacir peut séduire un moment, liée à une renaissance cohérente du cinéma israélo-palestinien, l'intrigue du film peut, quant à elle, laisser perplexe. Car au final, en abordant un thème nécessaire sur les questions d'identité et de retour aux sources qui sont un peu les bêtes noires d'Israël et de la Palestine, la réalisatrice n'arrive jamais à saisir tout l'intérêt de cette quête vers soi-même. En abandonnant ses personnages à l'instinct, le film sonne souvent faux, comme s'il avait bien fallu réfléchir à ce qui aurait pu arriver à cette troupe de rebelles inoffensifs.
En évitant toute cruauté, toute noirceur, Le Sel de la mer prend des allures innocentes qui ne lui conviennent pas vraiment. Le refus absolu de sombrer dans une quelconque recherche d'émotion (et qui caractérise parfaitement le langage actuel de cette nouvelle vague de cinéma israélo-palestinienne) distrait un peu l'intrigue qui, à vouloir étaler des palettes de la vie ordinaire sans réelle innovation, tombe peu à peu dans un enchaînement diaporamique de situations souvent mal reliées entre elles.

Certes la maîtrise de la caméra saute aux yeux et le travail sonore très élaboré qui l'accompagne joue en faveur de l'impact visuel mais Le Sel de la mer, trop dispersé et pas assez matériel (au sens compact du terme, d'un ensemble compact, regroupé et cohérent), peine réellement à susciter l'intérêt. Mêmes les amoureux de Ramallah, filmée avec un sens esthétique très pur et d'une discrétion plus profonde qu'il n'y paraît, ne seront conquis par une œuvre bien trop désaxée de son sujet pour avoir une vraie portée sensationnelle (en tant que sensations) et universelle.

EN DEUX MOTS : Il y a de belles scènes dans cette ébauche d'une résurrection cinématographique palestinienne, de belles performances d'acteurs aussi, mais une radicalité de point de vue artistique qui, au lieu de s'affirmer puissamment, coule inexorablement le film vers le bas, c'est-à-dire dans un tas de plans qui ne s'héritent pas entre eux.

LA PHRASE DU FILM : « La mer est devant moi. Derrière toi est l'ennemi. »

Jean-Baptiste Doulcet


1h49 – Palestine / France / Suisse / Belgique / Espagne - Scénario et dialogues : Annemarie JACIR - Photo : Benoit CHAMAILLARD "AFC" - Décors : Françoise JOSET - Musique : Kamran RASTEGAR - Montage : Michèle HUBINON - Son : Eric VAUCHER - Interprétation : Saleh BAKRI, Suheir HAMMAD.

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