Moscow, Belgium
Aanrijding in Moscou
de Christophe Van Rompaey
Semaine internationale de la critique
Prix SACD
Soutien ACID / CCAS

palme

Sortie en salle : 19 novembre 2008





« Godferdomme ! »

Un petit supermarché à Moscou… Petit quartier tranquille de Flandres où le visage émacié de Matty, mère de famille, dit toute la lassitude et l’ennui d’un quotidien de galère. Le regard se perd dans le vide. Elle reste inflexible aux supplications de ses gamins. Elle ne se laisse pas faire. La voiture fait marche arrière, le coffre emboutit un camion jaune vif : un problème d’angle mort. Un Viking des routes, Johnny, sort en maugréant contre la gente féminine. Aux insultes cède enfin un peu de douceur mais Matty se détourne. Elle attend quelqu’un d’autre. Peu à peu, Johnny va s’imposer dans sa vie et la confronter à un choix. Cette rencontre improbable sur un parking est le point de départ d’une comédie romantique rocambolesque dans laquelle vont se dévoiler les caractères de personnages singuliers. Le réalisme du film tient autant au jeu des acteurs qu’aux petits riens du quotidien. Barbara Sarafian se détache de l’ensemble par sa capacité à exprimer une palette d’émotions très large et le film trouve un sage équilibre entre tragique et comique. La diversité des thèmes bouscule le spectateur et le film impose l’image d’un amour difficile. La petite fille qui tire les cartes est un fil rouge un peu dérangeant, sorte de pythie moderne qui donne un sens unique au film. L’ensemble sonne un peu faux quand le réalisme mène au cliché et le film manque parfois de subtilité mais cela ne fait que renforcer le côté burlesque et inattendu de l’histoire. Le tableau de cette famille au bord de la rupture, dont le divorce en suspens consume les relations, est à la fois une caricature et une représentation universelle.

Margot Lefranc, Edouard Madec
Lycée Jules Vernes de Nantes


Moscou, Belgium. Un nom de ville sibérien pour un quartier glacé par la misère. Des immeubles qui vous bouchent l’horizon. Pourtant, Matty, la quarantaine fatiguée, regarde de l’avant. C’est peut-être d’ailleurs pour ça qu’elle n’a pas vu le camion de Johnny lors d’une marche arrière. S’ensuit alors une altercation jubilatoire sur le lieu du désastre, où le choc est cette fois-ci verbal et sans concession. C’est par ce premier rendez-vous épicé dans une ville bien fade que commence leur histoire d’amour…
Mais est-il possible pour deux êtres blessés, enflammés, de s’aimer dans un univers rugueux ? Matty a 3 enfants, et 2 amours : Werner, mari parti du logis mais pas encore de son cœur, et Johnny, rouquin flamboyant, qui illumine son quotidien. Et elle hésite… Dire que ce rôle sied bien à Barbara Sarafian serait faible : c’est une seconde peau pour elle que cette femme lasse qui « s’obstine à tout tartiner de moutarde pour ne goûter à rien », comme le dira si bien Johnny. Toujours sur le fil, elle continue d’avancer en ligne droite. Le réalisateur a choisi de nous la montrer, déambulant avec ou sans sa tribu, dans de grands plans larges. Et c’est en prenant du recul que le réalisateur brosse ainsi un portrait de vie criant de vérité, bouleversant de réalisme.
20 jours de tournage, c’est assez pour saisir la transformation de Matty, de quadragénaire désabusée en femme-enfant désireuse de plaire, et heureuse parfois comme une gamine. Assez pour capter la solitude et la personnalité tourmentée de Johnny, alcoolique violent mais repenti, à qui Jurgen Delnaet insuffle une bouffée d’humanité… comme un appel d’air. Mais peut-on jamais oublier ses démons et une paire de chaussures rouges pardonne-t-elle une paire de gifles ? Une question à laquelle tente de répondre le film.
Une histoire de rétroviseur, fixé sur le présent et sur le passé, une histoire sur la dignité de gens simples, bref, une histoire universelle. Mais de toute façon, « c’est en cherchant les faits simples de tous les jours que l’on parvient à l’universalité d’un film », aime à dire Jurgen Delnaet.
Matty voulait être « vachement heureuse ». C’est le pire qu’on souhaite à Christophe Van Rompaey et au cinéma belge, qui nous touche au cœur, par son message d’espoir et par le regard lucide qu’il porte sur notre monde.

Mélanie Thoinet,
Lycée Carnot de Cannes


« Gros camion, petite bougie »

C’est par cette délicate formule qu’une quadragénaire de banlieue ouvrière interpelle le chauffeur du camion qu’elle vient d’emboutir. Et lui de répondre « Toutes les femmes sont des sangsues », phrase qu’il ne va pas tarder de regretter…
Arrêt du tram 4. Quartier de Moscou. Ville de Gand. Belgique flamingante.
Sur une musique entraînante, Christophe Van Rompaey nous fait découvrir le cinéma flamand qui, malgré sa faible distribution en France, s’impose petit à petit dans le monde du cinéma.
L’ex-mari professeur d’art à l’Académie ou le prétendant ex-taulard alcoolique ? Telles sont les options qui s’offrent à Matty. Du bureau de poste à la laverie, cette hésitation bouleverse son quotidien. En dépit de son statut de chargée de famille, la situation va la plonger dans un tourment d’adolescente sous le regard mi-goguenard, mi-compatissant de sa fille aînée Vera, elle-même naturellement confrontée à des problèmes sentimentaux.
Tantôt sérieuse et réaliste, tantôt amusante voire comique, Barbara Sarafian endosse le rôle d’une grande femme qui parvient malgré tout à s’imposer face à la gente masculine. Avec une beauté naturelle et des répliques du tac au tac, elle intrigue, séduit et emporte pour un moment empreint d’une grande sensibilité. Son duo avec Johnny (Jurgen Delnaet), le camionneur de douze ans son cadet, devient particulièrement touchant et chacun espère les voir définitivement ensemble.
Il convient notamment de remarquer que l’humour finement employé transforme ce scénario « déjà-vu » en véritable intrigue. La mise en scène transparente du film permet au spectateur de s’identifier parfaitement à l’héroïne. Un film, au total, dans la filiation du réalisme poétique rythmé par la chansonnette « Tout le monde fait des erreurs ».
Bonne réussite pour un premier film. Ça promet !

Camille Rolland, Margaux Janin
Lycée Saint Exupéry de Lyon


Carambolage amoureux

Hagarde, les yeux éteints, portée par le rythme monotone de son caddie trop chargé, Matty est dans l’angle mort, prisonnière d’une déception amoureuse. Son mari l’a quittée et sa vie familiale se voit désormais bouleversée. Puis vient le choc et avec lui l’entrée dans sa vie d’un camionneur viking aux inspirations italiennes.
Pare-choc contre pare-choc le spectateur est entraîné dans un tourbillon de sentiments universels. Christophe Von Rompaey, en pénétrant dans l’intimité de la cellule familiale, nous permet de s’identifier aux différents personnages.
Amour, mort, homosexualité, famille recomposée ou plutôt en cours de recomposition, autant de thèmes relativement graves contrebalancés par un humour décalé pour former finalement, un ensemble harmonieux. Ce film navigue ainsi entre deux eaux, celle d’un quotidien alarmant de banalités qui rime pourtant avec des paradoxes détonants. Matty, malgré son désir de diriger sa vie, ne maîtrise finalement rien de ses relations amoureuses. Le contraste naît aussi de ses attirances masculines portées aussi bien vers un artiste universitaire que vers un routier ancien alcoolique au casier judiciaire déjà bien pesant. Ce fil touche également par la simplicité d’un quotidien auquel chacun peut s’identifier. Le réalisateur pose ainsi un ensemble de tableaux reprenant le théâtre de la vie : Acte I, Matty fait les courses, acte II, Matty fait la cuisine, Acte III, la grande lessive de Matty, épilogue, Souliers rouges à la main Matty cède aux charmes de L’Italie.

Aymeri Duport, Pauline Proffit
Lycée d’Artagnan de Nogaro


1h42 - Belgique – Scénario : Jean-Claude van Rijckeghem, Pat van Beirs - Photo : Ruben Impens
- Décors : Steven Liegeois - Musique : - - Montage : Alain Dessauvage - Son : Dirk Bombey - Interprétation : Barbara Sarafian, Jurgen Delnaet, Johan Heldenbergh, Anemone Valcke, Sofia Ferri, Julian Borsani.

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