Entre les murs
The Class
de Laurent Cantet
Sélection officielle
Palme d'or

palme

Sortie en salle : 24 septembre 2008





« Les larmes aux dents »

Aparté : la presse titre énormément sur le caractère français de cette Palme d'or, comme si ces vingt et une dernières années avaient été une traversée du désert pour le cinéma français. Ce fut loin d'être le cas, mais puisque de France il est question, soulignons l'excellent cru 2008, pour lequel, réservant un Grand prix du jury à Entre les murs, on aurait préféré attribuer la récompense suprême au Conte de Noël de Desplechin et récompenser, dans une moindre proportion certes, mais récompenser Philippe Garrel pour sa Frontière de l'aube, deux œuvres qui malheureusement s'inscrivaient mal dans les objectifs affichés par Sean Penn.
Laurent Cantet filme donc la 4e3 du collège Françoise Dolto, dans le XXe arrondissement de Paris. Elèves et profs en résidence, avec ceci de particulier que celle-ci – le titre est évocateur – s'apparente chez les uns et les autres plus à une prison qu'à une salle de classe.
De début en fin d'année scolaire, on suit l'itinéraire d'enfants pas forcément gâtés et d'enseignants en quasi rupture de bancs.
Dans cette adaptation libre du roman de François Bégaudeau, lui-même ancien prof et plus que tout autre bien placé pour jouer le rôle, Laurent Cantet livre sans démagogie aucune une photographie radicale de la situation de l'éducation scolaire en France, lorsqu'elle ne se pratique pas au lycée Henri IV. Et, c'est le cas de le dire, l'ensemble est plein d'enseignement.


Omniprésent, le rapport de force perpétuel qui se joue dans la classe hante également la salle des professeurs, qui en fonction des circonstances se fait conseil de discipline.
Le pari totalement réussi du réalisateur est de suivre en quasi huis-clos les pistes multiples de la faiblesse du niveau scolaire actuel, des impasses auxquelles sont confrontés les enseignants, des difficultés des familles, qui viennent percuter de front l'extraordinaire vitalité et l'ouverture de ces mêmes jeunes, lorsqu'il s'est agit d'improviser en atelier et d'endosser un rôle. Dépassant leur quotidien, ils font corps avec celui d'un autre, conscients qu'il pourrait aussi être le leur.
On ne sort pas indemne de ces deux heures passées avec ces jeunes dont l'enfance paraît déjà loin : ils font sourire, ils font peur, ils véhiculent sans détour leurs angoisses, leurs richesses et leurs espoirs.
Autre constat salutaire : parmi ces têtes pas toujours blondes et peu enclines à décliner leur latin, la race des "fayots" semble enfin avoir disparu des rangs.

Marie-Jo Astic


2h08 - France - Scénario et dialogues : Laurent CANTET, François BEGAUDEAU, Robin CAMPILLO - Photo : Pierre MILON - Décors : Sabine BARTHÉLÉMY et Hélène BELLANGER - Musique : - - Montage : Robin CAMPILLO - Son : Jean-Pierre LAFORCE, Agnès RAVEZ, Olivier MAUVEZIN - Interprétation : François BEGAUDEAU.

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