Desierto adentro
de Rogrigo Plá
Semaine internationale de la critique
palme


« Agenouillé pour rien »

Brillamment mis en scène en trois actes – la faute, la pénitence, le signal – Desierto adentro fait une démonstration magistrale des effets dévastateurs que peut produire la foi aveugle, telle que la pratiquent ceux que le manque d'instruction a privés d'un éclairage nécessaire en la matière.
C'est le cas d'Elias, peone mexicain, et sans doute de bien d'autres de ses compatriotes, dans ce pays qui, à la fin des années 20, s'apprête à sortir enfin des guerres civiles issues de la révolution.
Des mesures anticléricales (églises détruites, messes interdites, curés torturés ou fusillés…) sont alors instaurées dans un pays gangrené par la religion et au désespoir de ces paysans nourris, à défaut d'autre chose, d'une foi invétérée.
Invétérée et partant dangereuse, puisqu'Elias lui sacrifiera la totalité de sa famille, à l'exception de ceux qu'un sursaut de lucidité viendra sauver in-extremis.

Il est intéressant de souligner que l'argument même du film a fait l'objet d'une récente actualité. Persuadé que, suite à une chute de sa famme, l'enfant qu'elle porte vient de mourir, Elias contraint le padre, malgré les interdits, à venir bénir le ventre de sa femme ou plus exactement le fœtus mort.
Finalement, en sacrifiant la mère – qui inaugure la liste des victimes – un petit Aureliano naîtra, que, sous prétexte de fragilité, son cinglé de père, hanté d'une culpabilité dévastatrice, élévera quasiment sous cloche.
Enrichi d'effets spéciaux, grâce auxquels chaque début de chapitre est incrusté d'images d'animation se fondant au réel, Desierto adentro met violemment en scène la folie, l'aveuglement et le barbarisme, mêlant réalisme poétique et peinture vivante d'un épisode sanglant de l'histoire mexicaine, le tout vu au travers du regard d'un enfant.

Marie-Jo Astic


1h52 - Mexique - Scénario : Laura Santullo, Rodrigo Plá - Photo : Serguei Saldívar Tanaka - Décors : Gloria Carrasco, Antonio Plá, Juan José Medina, Rita Basulto - Musique : Jacobo Lieberman, Leonardo Heiblum - Montage : Ana García, Rodrigo Plá - Son : Mario Martínez Cobos, Antonio Diego - Interprétation : Mario Zaragoza, Diego Cataño, Memo Dorantes, Eileen Yañez, Luis Fernando Peña, Jimena Ayala, Katia Xanat Espino, Dolores Heredia, Angelina Peláez, Martín Zapata, Alan Chávez.

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