Premier volet d'une commande du musée d'Orsay à plusieurs cinéastes, ce film marque les débuts de Hou Hsiao-hsien dans le cinéma français. Il a choisi une variation autour d'un célèbre dessin animé d'Albert Lamorisse, Le Ballon rouge (1956). On pouvait être sceptique sur ce projet hybride sur le papier. Le résultat n'en est que plus saisissant.
Autant Wong Kar-wai semble se parodier dans My Blueberry Nights, et se montrer peu à l'aise dans la langue de Shakespeare (pour un avis contraire : lire l'article de Marie-Jo Astic), autant H H H se meut avec délicatesse au sein de la culture française, dans un univers plus proche de Tati et de Grimault que de ses œuvres picturales. L'esthétisme des Fleurs de Shanghai ou de Three Times laisse ici place à un conte parisien au charme incandescent, visible par tous les publics et d'une poésie à deux niveaux.
Une bobo débordée (Juliette Binoche, parfaite malgré sa teinture blonde), actrice travaillant dans une troupe de marionnettes, embauche une jeune étudiante chinoise pour s'occuper de son petit garçon. Celui-ci est poursuivi par un mystérieux ballon rouge dont on ne sait s'il est le fruit de son imaginaire ou l'élément central du film d'école tournée par la jeune fille.