Voleurs de chevaux
In the Arms of My Enemy
de Micha Wald

Semaine internationale de la critique




palmeEn-vol de chevaux

Amour, jalousie, trahison, vengeance, effusion de sang, mais surtout fraternité, tels peuvent être les thèmes que développe Les Voleurs de chevaux, tourné par ailleurs dans la superbe région qu’est le Limousin, terre d’accueil des cinéastes. C’est avec ce western aux faux-airs kubrickiens que Micha Wald emmène son public quelque part à l’est au début du XIXe siècle.
Le chapitrage du film travaillé rythme ce premier long métrage du réalisateur et permet au spectateur de se lier d’affection avec les caractères différents des personnages principaux.


Bien qu’étant un film de genre, le scénario est loin d’être simpliste : violence maîtrisée, « réalistement » brève, des relations complexes entre les personnages et un dénouement inattendu. Le tout accompagné d’une bande son bien intégrée, d’un montage qui sort de l’ordinaire et qui peut faire penser au film choral, et d’un casting prometteur. Ces éléments font de ce film une œuvre unique qui donne une envie d’évasion.

Julie Delmas
Kevin Durivaux
Arthur Roig
Antoine Periot
Lycée d’ Arsonval


palmeCruelle poésie

Une poésie. Notre cœur se retrouve au centre de cette épopée sentimentale. Synesthésie Waldienne touchante et efficace.
1856, montage parallèle : d’un coté Jakub (Adrien Jolivet) et Vladimir (Grégoire Leprince-Ringuet), deux frères en errance, de l’autre, Elias (François René Dupont) et Roman (Grégoire Colin), voleur de chevaux. La violence et la mort brisent la force de ces deux fratries et attise la haine et la vengeance d’un homme enragé.
Autour de cette traque d’animal en chasse se profile les éléments du Western : les duels parfaitement mesurés où se mêlent douleur et confrontations, ainsi que la présence des chevaux donnant une touche poétique au genre fidèlement accompagné de panoramiques.
Tour de Maître. Le réalisateur, chef d’orchestre de nos souffles allie violence et poésie au son des hurlements et des combats que les fondus au noir suivi d’un esthétisme parfait des paysages, lient à la musique, mélodie des sens.


D’aucuns diront que la langue française, présente en terre Ukrainienne où se déroule l’action, enraye la musique du film et que les faits historiques sont trop superficiels. Mais ce n’est qu’un grain de sel sur une mer de sable face à cette œuvre où les protagonistes interprétés par d’excellents acteurs se déchirent pour finalement se trouver. Micha Wald rend ici hommage à ses réalisateurs préférés en citant notamment Ridley Scott et Stanley Kubrick. L’issue que nous offre la fin tangue entre espoir et illusion: à chacun d’y voir sa propre vérité…

Julie Douchet
Elodie Moreau
Lycée Val de Saône


palmeLa vengeance dans la peau

Micha Wald, réalisateur du court-métrage Alice et Moi, présenté lors de la 43e édition de la Semaine Internationale de la Critique, revient au galop cette année pour présenter son premier long métrage : un western sentimental. Voleurs de Chevaux est un condensé d’action entre poursuites et combats de sabres, qui traite d’une relation fraternelle entre deux couples de frères. D’un côté Jakub et Vladimir. De l’autre Roman et Elias. Si beaucoup de choses semblent les séparer, beaucoup d’autres les rapprochent. L’absence de leurs parents, jamais nommés. La complexité de leur relation : ils ont besoin l’un de l’autre pour avancer. Une fraternité qui s’exprime différemment selon les duos : la relation entre Jakub et Vladimir, plus intime que celle entre Roman et Elias, plus violente. Le scénario, original, ne se borne pas à explorer seulement les relations fraternelles, mais s’intéresse également au thème de la vengeance. Vengeance qui donnera une nouvelle raison de « vivre » à Jakub, perdu après la mort de son frère, tué par Roman. Une quête de vengeance qui l’emmènera à devenir une sorte d’animal, violent, sans pitié et inhumain, cherchant juste à se venger, pensant peut-être « rester » avec son frère. Une façon en quelque sorte de faire son deuil.
Un deuil qui ne pourra se faire sans violence ; violence parfois choquante mais indispensable. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans les années 1800, en Europe de l’Est et que se battre est monnaie courante. Heureusement, la couleur rouge sang contraste avec la couleur verte de la nature, délivrant un peu de pureté et de poésie dans un monde de brutes.


Micha Wald pose sa caméra dans des paysages somptueux qui reflètent une nature à l’inverse des émotions que ressentent les protagonistes dans leur corps à corps douloureux. Les costumes sont ancrés dans la froide réalité, s’y fondant avec justesse. Doublé d’une mise en scène recherchée, classique dans sa narration mais stylisée dans ses combats, Voleurs de Chevaux étonne pour une première réalisation.
Si les coups reçus dans les affrontements sont ressentis par les spectateurs, il se dégage néanmoins une certaine froideur. Peut-être est-ce dû à la légèreté des dialogues ou au manque de conviction de la part de certains acteurs. Dans tous les cas, Voleurs de Chevaux n’arrive pas toujours à nous émouvoir et c’est sans doute cela son principal point faible.
François René-Dupont, l’interprète d’Elias, malgré un certain manque de crédibilité, s’en tire correctement (pour un premier rôle au cinéma). Grégoire Colin, Grégoire Leprince-Ringuet et Adrien Jolivet complètent ce casting adolescent. Mais le nom à retenir est véritablement celui d’Adrien Jolivet : le jeune homme, charismatique et talentueux, a toutes ses chances de se faire un nom, du moins on l’espère.

Manon Fumagalli
Kim N’Guyen
Lycée Bristol - Cannes


palmeIl était une fois, quelque part à l’Est…

Pour son premier long-métrage, le réalisateur et scénariste Micha Wald place la barre très haut. Voleurs de chevaux se déroule au XIXe siècle, quelque part à l’Est… On nous présente deux couples de frères : des cosaques d’une part, des voleurs de chevaux de l’autre. On pourrait donc s’attendre à un simple Western par les espaces ouverts tels que la nature (beaux paysages et belles couleurs), les scènes équestres, l’histoire de vengeance, le regard des deux aînés au bal, la présence de la musique qui souligne l’action… Et pourtant, le film prend une toute autre dimension. L’amour fraternel y est évoqué de manière très touchante, élégante : tout est dans la retenue.
C’est aussi un film d’action sans longueurs, au rythme soutenu et à l’histoire épique centrée sur les quatre personnages principaux, à savoir Jakub et Vladimir (les cosaques) et Roman et Elias (les voleurs de chevaux).


On retrouve un parallélisme dans le scénario puisqu’on voit évoluer les cosaques puis les voleurs de chevaux séparément, avant leur rencontre lorsque les uns voleront les chevaux des autres. Les deux fratries sont jouées par de jeunes comédiens talentueux qui portent le film. On peut même dire que leur interprétation est un des moteurs du film, tout comme la récurrence de la violence. En effet, cette dernière est justifiée car historique. Bien sûr, le réalisme troublant des combats a dérouté plus d’un spectateur et pourtant, elle nous réveille nous garde captif, nous interpelle et demeure un élément de succès pour le film car elle fait vendre. De plus, finir le film sur une nouvelle filiation semble intéressant.
Voleurs de chevaux est donc populaire en bien des aspects et pourrait se retrouver assez rapidement à l’affiche.

Morgane Duval
Lycée Carnot - Cannes


palme

Micha Wald, relate avec ce premier long métrage un vol de chevaux au XIXe siècle. Les voleurs sont Roman et Elias, deux malfrats, qui se rendent par ailleurs reponsables de la mort d'un jeune garçon. Le frère de ce dernier, jeune cosaque, n’accepte pas ce meurtre et jure de se venger. Commence alors une chasse à l’homme épique, à travers les plaines ukrainiennes, mêlant violence et poursuites effrénées, fraternité et amour. Le cinéaste n’insiste pas tant sur le contexte historique du film que sur la justesse et la maladresse touchante avec laquelle les relations entre frères sont rapportées. Il serait cependant difficile de ne pas reconnaître la place des paysages époustouflants, des chevaux puissants et sauvages, dans Voleurs de chevaux, puisque sans en abuser, Micha Wald utilise la nature pour représenter les liens étroits et bestiaux qui unissent les protagonistes. Réfléchissant ainsi sur les liens du sang, à défaut de ceux du cœur, l’œuvre insiste sur cet amour inconditionnel et sans limites entre deux êtres d’une même famille, d’une même tribu.
Voleurs de chevaux est donc volontairement intemporel, mais difficilement universel, le sang, les coups, les sabres faisant la différence. On en vient donc à se poser la question : quelle est la place de la violence dans le film ? Capitale, sans aucun doute, puisqu’elle traduit la fougue et l’énervement avec lesquels s’enchaînent les scènes, la nécessité étant discutable. Arrivant souvent de manière totalement intempestive, les combats amènent le spectateur à se demander si la violence n’est pas maniée de manière excessive et écrasante dans le film.


Sa beauté est d’autant plus contestable, puisque souvent exagérée et rythmée par des musiques chevaleresques, inutiles à son évolution dans l’œuvre, qui en viennent à lui ôter toute crédibilité. Les scènes d’action s’enchaînent, bâclées pour la plupart, voire inachevées. Les coups pleuvent et lassent, et on s’interroge sur le réel désir de réflexion dans le film, manifestement limité.
Mais si on peut reprocher à Micha Wald d’insister sur les corps à corps, on ne saurait pardonner la minable prestation des acteurs. Inexpérimentés pour la plupart, ils font sonner faux chaque réplique, chaque mimique, exagérant les sentiments présents dans le film. Ils chassent ainsi toute vraisemblance dans les scènes, décrédibilisant dès les premières minutes le message à passer dans l’œuvre. Impossible donc pour le spectateur de se laisser guider au rythme des sabots des chevaux au galop, tant l’authenticité paraît absente dans le film.
Excellent sur le fond, à revoir complètement sur la forme, Voleurs de chevaux est un long métrage traitant d’un passionnant sujet mais victime d’une distribution manifestement entravante.

Anatole Tomczak
Lycée franco-allemand - Buc

 


1h26 - Belgique / France - Scénario : Micha Wald - Photo : J-P de Zaeytijd - Décors : André Fonsny - Musique : Stephan Micus, Johan Johannsson, Jef Mercelis - Montage : Susana Rossberg - Son : Véronique Gabillaud - Interprétation : Adrien Jolivet, Grégoire Colin, François-René Dupont, Grégoire Leprince-Ringuet, Igor Skreblin, Mylène Saint-Sauveuri.

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