La Soledad
Solitary Fragments
de Jaime Rosales
Sélection officielle
Un certain regard

palme


L'un des films les plus novateurs de la section « Un Certain Regard » 2007. Certes, comme toutes les innovations du 7e art, il entraînera à la fois les réprobations de certains qui feront la fine bouche et déploreront la « lenteur » de la narration (quand donc comprendront-ils que le cinéma n'est pas une épreuve d'athlétisme ?). D'autres, aussi excessifs, crieront au génie et à l'apparition d'un nouvel auteur.
Tout n'est pas parfait dans ce récit minimaliste dont les 2h15 n'échappent pas toujours à la pause (les séquences d'appartement) et aux métaphores à la fois faciles et obscures (l'attentat dans le bus, symbole de la solitude de la victime et de la folie humaine). Mais force est de reconnaître que Jaime Rosales a un style unique et vise haut. Nous suivons deux histoires parallèles qui finiront par se croiser par le biais d'un personnage secondaire, jeune femme colocataire dont la sœur est atteinte d'une maladie grave. Les deux protagonistes sont une mère de famille qui quitte sa campagne natale pour Madrid, et une commerçante âgée dont les filles se déchirent autour de la vente d'une maison familiale.


L'apparente banalité des situations et des dialogues cache en fait des propos très justes et nuancés sur les ambitions professionnelles, l'amour maternel, le rapport à la maladie ou la solitude en milieu urbain. La forme, élégante sans être ostensible, révèle un art maîtrisé du montage, notamment par le recours au split screen, qui évite le champ-contrechamp dans les scènes de dialogue et permet un filmage réussi des différentes pièces dans les séquences d'intérieur. Les ellipses (après la bombe dans l'autobus) font parfois songer à Bresson dans le sens où des éléments importants de l'intrigue (ici la mort d'un enfant) ne sont dévoilés que de façon implicite et progressivement.
Difficile moins par son scénario que par l'attention que réclame sa structure visuelle, cette œuvre ne séduira pas forcément au premier abord mais distille longuement son charme discret après la projection.

Gérard Crespo


2h13 - Espagne - Scénario et dialogues : Jaime Rosales, Enric Rufas - Photo : Oscar Duran - Décors : Ion Arretwe - Musique : -- Montage : Nino Martinez Sosa - Son : Eva Valiño - Interprétation : Sonia Almarcha, Petra Martinez, Miriam Correa, Nuria Mencia, Maria Bazan.

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