Si le cinéma turc a été cette année magistralement représenté en Sélection Officielle par Fatih Akin avec De l’autre côté, la Quinzaine des Réalisateurs a découvert un nouveau cinéaste, critique d’art à Istanbul, qui égalera certainement la notoriété de son compatriote et maître Nuri Bilge Ceylan avec ce premier film Yumurta (Œuf).
Yusuf est un libraire de la ville qui a connu son quart d’heure d’estime avec la publication d’un premier recueil de poésies remarqué par la critique. Mais Yusuf a rangé sa plume depuis longtemps quand il apprend le décès de sa mère, dans son étal gris et sombre de bouquiniste. Dans la maison de campagne familiale où il refait surface pour les obsèques, il trouvera Ayla, jeune et belle femme (magnifique Saadet Isil Aksöy) secrètement fascinée par Yusuf et ce qu’il représente.
Tout en finesse, en poésie, mais aussi en richesse formelle, les images de Kaplanoglu prennent le temps de s’exposer pour mieux révéler leur profondeur abyssale. Tel cette première scène sur un chemin de campagne, laissant son temps à une vieille dame paysanne pour quitter avec lenteur le cadre dans un plan fixe avant de l’y ramener par un élégant travelling silencieux.