Le Labyrinthe de Pan
The Labyrinth of the Faun
El Laberinto del fauno

Guillermo Del Toro
Sélection officielle

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« Tu comprendras que la vie n’est pas un conte de fée »

1944. Alors que la guerre civile s’est achevée depuis cinq ans, l’Espagne s’installe dans le franquisme pour des décennies, une dictature tout entière aux mains de l’armée et de ses représentants, à l’instar de ce Commandant Vidal, monstre parmi les monstres mis en scène par  Guillermo Del Toro dans Le Labyrinthe de Pan
Cet infâme individu a installé son PC chez lui au fin fond d’une campagne sinistre, d’où il traque les opposants au régime, et où viennent le rejoindre sa femme Carmen, enceinte, et Ofelia, la petite fille que celle-ci a eue d’un premier mariage. Aux yeux de sa brute de mari, la douce Carmen dont la grossesse se passe plutôt mal est avant tout la porteuse d’un enfant, qui devra être un garçon.
C’est dans cette maison triste et froide, sur laquelle veille la laborieuse, efficace et mystérieuse Mercedes, qu’Ofelia entend des bruits nocturnes inquiétants : malgré ce qu’on veut lui faire croire, elle s’aperçoit vite que le vent n’y est pour rien ; les petits grattements annoncent la visite d’une mante religieuse, qui sitôt transformée en fée la guide vers un labyrinthe situé à deux pas de la maison et envahi de ronces, où règne le dieu Pan, créature affublée ainsi que le veut la mythologie de membres inférieurs de bouc et de petites cornes de diable. Le faune va révéler à Ofelia qu’elle appartient à un monde différent de celui des mortels et qu’elle est la Princesse Moana ; mais elle devra cependant prouver son immortalité en venant à bout de trois terribles épreuves, qui nous valent trois plongées abyssales dans un ailleurs, où l’imagination de Guillermo Del Toro, tout à fait dans son élément de  prédilection, fait merveille.


Deux films se déroulent ainsi dans un découpage et une chronologie stricts, alternant scènes du monde fantastique et du réel, et permettant chaque fois que nécessaire aux deux histoires de se rejoindre. Les intervalles entre les trois gages qu’Ofelia doit accomplir, sont ainsi consacrés à la traque des Rouges par Vidal, le rationnement des villageois, l’accouchement tragique de Carmen, les affrontements entre franquistes et rebelles, les tortures infligées par le commandant et le plaisir jouissif que celui-ci y prend… et bien d’autres qui nous emmèneront au bout de l’horreur, pour mieux pouvoir la dépasser.
Dans la facture de ce conte où l’homme s’avère bien sûr être plus monstrueux que le monstre lui-même, on peut reprocher à Guillermo Del Toro un message et un scénario trop simplistes, la rigueur d’un ton trop monocorde, l’enfermement de l’imaginaire dans une atmosphère étouffante, et finalement un classicisme apparemment inapproprié à l’univers fantastique de ses films.
Mais ce serait alors lui reprocher tout simplement ce style très particulier, dans la mise en images et le processus narratif, qui est le sien et qui ne peut laisser indifférent.

 

Marie-Jo Astic


1h54 - Mexique - Scénario, dialogues : Guillermo del Toro - Photo : Guillermo Navarro - Décors : Eugenio Caballero - Musique : Javier Navarette - Montage : Bernat Vilaplana - Son : Miguel Polo - Interprétation : Sergi Lopez, Ivana Baquero, Ariadna Gil, Maribel Verdu, doug Jones, Alex Angulo.

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