Fresh Air
Friss Levegö
Àgnes Kocsis
Semaine internationale de la critique

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Aquarium

Viola est dame-pipi dans le métro à Budapest. Elle tente de s’accommoder de sa situation, pendant que sa fille Angela rêve d’un avenir moins sordide. L’une récure les toilettes et écume les clubs de rencontres. L’autre suit des cours de couture et attend le Grand Amour. Le sexe opposé est absent de leur existence, sinon sous les traits d’un grand échalas et d’un oncle profiteur, deux hommes qui ne peuvent prétendre combler ce vide. Un jour, Viola subit une agression alors que sa fille est en fuite vers l’Italie. Cet événement sera le révélateur d’un lien profond qui existe malgré tout.
Le premier long métrage d’Agnès Kocsis, qui traite de la relation mère-fille, a le grand mérite d’être à la fois percutant et doux. Les personnages évoluent dans un univers léthargique, ils semblent comme engourdis et dépourvus d’émotions. Cela est parfaitement traduit par le jeu des actrices, tout en retenue et en pudeur. Par ailleurs, les couleurs et leur symbolique jouent un rôle très important dans la représentation des mondes respectifs d’Angela et de Viola.

Ainsi, Angela est presque exclusivement vêtue de vert, couleur d’espoir mais aussi de noyade, puisque même lors de sa fugue, elle ne parvient pas à échapper à son quotidien urbain et terne. Sa mère, elle, se crée un cocon rouge vif qui résonne comme un appel au secours. Mais ces deux mondes se rencontrent dans la scène finale, qui voit Angela revêtir la blouse écarlate de sa mère par-dessus ses propres vêtements. Le lent travelling arrière, représentatif de l’œuvre toute entière, suggère un rapprochement futur des deux protagonistes, et peut-être un passage vers la maturité.
Les plans fixes, très élaborés, confèrent au film un aspect pictural. De surcroît, leur amour du détail souligne un besoin compulsif de contrôler quelque chose, n’importe quoi, pourvu qu’elles puissent s’y raccrocher, comme le fait Angela avec la couture. Les dialogues épurés et les plans larges mettent le spectateur face à cette douloureuse absence de communication qui structure le film.
Celui- ci pourra paraître long à certains, mais il réjouira les amateurs de personnages complexes et entiers, ainsi que les spectateurs sensibles à la beauté formelle.

La toute jeune critique
Salomé Berlioux
Emilie Jouffroy
Lycée Alain Colas, Nevers.


Mouvement cyclique

Budapest. Mère et fille vivent une vie routinière dans une cité sordide. Enfermement et solitude. Pas d’homme, si ce n’est le “héros” d’une série B dont elles ne manquent aucun épisode. Moment exclusif devant la télé, où elles sont ensemble physiquement. La mère, “dame-pipi” dans une station de métro, a un travail dégradant et contraignant, qui fait honte à sa fille.
Agnès Kocsis crée un univers clos et artificiel sans aucune issue : nombreux trompe-l’œil (décor mural du séjour, mur du café, la boule de neige), dominante oppressante du rouge (les fleurs, la tapisserie, le manteau de Viola la mère), multiplication des allégories de l’emprisonnement (l’aquarium, le guichet de la dame-pipi)… Viola recherche l’homme idéal à l’image de son héros. Quête vaine ! De même sa fille Angela rêve d’un autre destin, loin de celui de sa mère : un vert paradis à la mode de Versace. Quête vaine !
En dépit d’une approche très juste des relations familiales et sociales de ces deux femmes, prises dans une sphère d’incommunicabilité, la cinéaste ne parvient pas à donner du souffle et du rythme à son film.

Le scénario, trop complaisant dans la banalité, ne réussit pas à donner assez de relief psychologique aux différents personnages, tels que Viola (qui reste sans saveur), l’oncle ou l’ami d’Angela.
La fin du film inscrit cette brève chronique sociale dans une dimension fataliste : Angela, après le sordide “hold-up” de la recette du pipi room, abandonne ses rêves et tous ses espoirs pour reproduire le médiocre destin de sa mère. Symboliquement, elle revêt, dans le dernier plan séquence, la blouse rouge de Viola et s’approprie son univers.
La fille pouvait-elle devenir autre chose que la doublure de sa mère ?
C’est le parti pris d’Agnès Kocsis, qui nous laisse quelque peu perplexe.
Mouvement cyclique…

La toute jeune critique
Agathe Hervieu
Léo Vilarem
Coline Crance-Philouze
Gabriel Bideau
Lycée Guist’hau, Nantes


Deux étrangères, une mère et sa fille, se rassemblent tous les soirs pour regarder leur série préférée dans un décor rétro. C’est le seul moment où elles sont réunies. Angela est une apprentie couturière à Budapest, et sa mère Viola travaille dans des toilettes publiques.
Leurs vies monotones se rythment par des plans fixes, lents et une absence de luminosité omniprésente. Elles se renferment dans leur quotidien pour ne pas avoir à affronter la vie, et en particulier les hommes. Pour s’échapper de cette vie grise, Viola est tout de rouge vêtue, comme l’amour qu’elle cherche depuis toujours ; et Angela de vert, tel le besoin d’évasion et de liberté.
Elles se créent leur petit paradis, à travers des décors de papier peint, de la forêt à la plage, ou encore des objets qui les font rêver et voyager, comme une aquarium, des fleurs, des lumières, ou de la musique…Une fusion s’opère entre le réel et le rêve.

Fresh air peut nous faire penser à un tableau vivant, accentué par le cadrage toujours frontal, les surcadrages et les aplats de couleurs.
Ces deux femmes sont comme des poissons dans un bocal, elles tournent en rond. Leur vie est un cercle vicieux : Angela tente de quitter Budapest pour Rome, mais elle est finalement réexpédier au point de départ à cause d’un malentendu. D’ailleurs à la fin du film, la boucle est bouclée puisque la fille prend la place de la mère.
Un film intéressant, sublimé par son esthétique. Mais l’ennui des personnages peut-être contagieux… On se demande si Agnès Kocsis n’aurait pas privilégié l’esthétique au détriment de l’intrigue.

La toute jeune critique
Laure Salle
Liza Kesbi
Lycée Bristol, Cannes


Fresh Air, le premier long métrage de la réalisatrice Hongroise Agnès Kocsis, nous plonge dans l’univers de deux femmes : une mère, Viola et sa fille, Angéla. Elles sont totalement opposées et ne communiquent jamais. Viola travaille comme “dame-pipi” dans des toilettes publiques et rêve de trouver l’amour. Sa fille rêve de travailler dans la mode. L’une aime le vert, l’autre le rouge, la seule chose qui les rapproche est leur feuilleton télévisé dont elles ne manquent jamais un épisode.
Toutes les deux cherchent un moyen d’échapper à leur vie monotone.
Cette monotonie est représentée par des plans longs, lents et une caméra statique. Tout cela, peut rendre le film ennuyeux. L’intrigue, originale, ne suffit pas à retenir l’attention du spectateur car les surprises sont rares.

Malgré de nombreux points négatifs, le film comporte certaines qualités. On retiendra le choix des décors assez bien étudié : Chaque espace correspond à l’univers d’un personnage (la loge WC de la mère avec comme couleur dominante le rouge, la chambre verte d’Angela avec ses dessins accrochés aux murs…).
Enfin, les personnages sont crédibles et leur réalisme attachant. Il est indiscutable que la réalisatrice aborde un thème classique : le conflit mère/fille mais leur relation se traduit par de longs moments de silence, il n’y a pratiquement ni dialogue ni dispute.
Fresh Air est un film pessimiste : Angéla à la fin du film reprend le travail de sa mère ; signifie-t-il que l’on ne peut pas changer de classe sociale ? Qu’il faut mettre de côté nos rêves ?

La toute jeune critique
Alexandra Mignien
Ketty Luntana
Lycée Surger, Saint-Denis


Un soleil rouge d’illusions

Friss levegö ou venez prendre un grand bol d’air frais en Hongrie. De l’air ? Pas si frais que cela, en effet, les relations orageuses entre une mère Viola et sa fille Angela alourdissent l’atmosphère.
Agnès Kocsis fait évoluer ses deux personnages dans un univers morne, insipide. La mère, maîtresse dans l’art d’aseptiser et de colorer son univers en rouge, pourra-t-elle échapper à cette société inégalitaire dans laquelle elle végète ? Elle essaye de rencontrer l’homme de sa vie via les petites annonces, mais il lui semble à chaque fois trop bien pour elle. Énergique, soucieuse, elle est rattrapée par son fatalisme ambiant.

Sa fille n’entretient aucune communication avec elle, au contraire, elle veut rompre cette filiation. L’adolescence est toujours un thème complexe, mais Agnès Kocsis surenchérit en basant son film sur le rêve d’Ailleurs, source de conflits et de ruptures. Elle nous décrit comment une adolescente lutte rageusement pour ne pas devenir comme sa mère. Efforts, à priori vains, puisque la jeune fille finira par “reprendre le tablier” laissé par sa mère. On a tous, à un moment donné, voulu prendre un bol d’air frais, mais ce film montre combien il est difficile de faire fonctionner l’ascenseur social.

La toute jeune critique
Aurélie Belin


Cœurs réunis

« L’été est passé et quelque chose d’autre aussi est passé » : paroles d’une chanson qui donnent le rythme dès le début du film Friss Levegö (Air frais) réalisé par Agnès Kocsis.
« Cœurs réunis », n’est-ce pas beau pour évoquer l’histoire de Viola et d’Angéla, mère et fille à la fois seules et soudées ?
Angéla, jeune adolescente, qui se cherche. Viola, dame pipi, attache une importance (abusive) à sa profession : elle collectionne les bombes désodorisantes et prend grand soin de la décoration des toilettes publiques. Besoin d’esthétique, de pureté qui répond au goût de sa fille pour la haute couture et l’élégance. Mais avant tout, l’indispensable n’est-il pas de gagner de l’argent ?

Les quelques économies seront volées, et même violemment volées. Injustice. Oui. Angéla est peu communicative. Incomprise sans doute. Mais aussi très attachante. Fugue, fuite, quel mot correspondrait le mieux pour parler de son départ vers l’Italie ? Peu importe, mais ce qui est évident, c’est la rupture entre Budapest et Rome. Elle quitte le côté sombre d’une ville pour rejoindre la clarté, la joie. Lenteur, plans fixes, silences et regards expriment cette force.
Le rouge, omniprésent, fait ressortir l’agressivité, la violence de la vie des personnages mais surtout le courage et la force inhabituels.
Quelle couleur ou quelle odeur sera fondatrice ou restauratrice des cœurs Angéla/Viola et Angéla/Emil ?

La toute jeune critique
Audrey Trousselle


1h49 –- Hongrie - Scénario : Ágnes Kocsis, Roberti Andrea - Image : Adám Fillenz - Son : Attila Madaras - Montage : Tamás Kollányi - Musique : Bálint Kovács - Interprètes : Izabella Hegyi, Júlia Nyakó, Anita Turóczi.

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