Election 2
Johnnie To
Sélection officielle
Hors compétition
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Supérieure à Election 1, présenté l'an passé à Cannes, cette œuvre épurée et brutale est un polar magistral. Moins choral, le deuxième volet se concentre sur Jimmy, ancien mafieux de la Triade souhaitant se refaire une réputation en se lançant dans les affaires. Mais les autorités chinoises ne consentent à lui ouvrir certains marchés qu'en échange d'un service : il sera contraint de s'infiltrer à nouveau dans le milieu et d'en prendre le contrôle. La trame est légère mais la mise en scène donne à ce synopsis des accents de tragédie antique. Déjà, la musique néo-romantique tranche avec les habituelles soupes musicales des polars contemporains. Ici, un sentiment de fatalité et de damnation est distillé dans le récit. On songe à Melville pour la pose hiératique de personnages mais plus encore à Visconti pour le côté crépusculaire.
Election 2 se veut aussi davantage politique et subversif, en montrant la corruption massive liant la Chine actuelle à Hong Kong. Ainsi, la mafia est institutionnalisée par la police chinoise qui a besoin de sa stabilité pour maintenir la place du régime de Pékin dans l'ancienne colonie britannique. C'est ainsi que la rédemption de Jimmy, sincère ou de circonstance, se retournera contre lui puisqu'il sera rattrapé à vie par son passé. Mais son drame individuel est lié à celui de sa société, celle-ci n'étant libéralisée qu'au prix d'un renoncement aux valeurs démocratiques.

Signalons aussi que si l'œuvre est d'une rare violence, celle-ci n'est concentrée que dans une ou deux séquences du film, à l'instar de Psychose dont la scène légendaire, brève mais intense, suffisait à maintenir le spectateur dans un état de pression durant toute la projection. Après Election 2, le cinéphile regardera d'un tout autre œil ses assiettes de steak tartare.
On pourra visionner Election 2 sans avoir été obligé de voir le premier épisode car il n'en constitue pas vraiment la suite. Mais le diptyque se présente comme une synthèse admirable entre cinéma de genre et vision d'auteur, tout en donnant un éclairage singulier sur un pays en mutation. Il sera recommandé aussi de découvrir d'autres pans de la filmographie de Johnny To : The Mission (1999), PTU - Police Tactical Unit (2003), et surtout Breaking News (2005), déjà traité sur ce site.

Gérard Crespo


 


1h32 - Chine - Scénario, dialogues : Yau Nai Hoi, Yipo Tin Shing - Photo : Cheng Siu Keung - Décors :tony Yu - Musique : Robert Ellis-Geiger - Montage : Law Wing Cheong, Jeff Cheung - Interprétation : Louis Koo, Simon Yam, Nick Cheung.

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