Drama/Mex
Gerardo Naranjo
Semaine internationale de la critique

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Chassés-croisés

Destins croisés. Jaime, sexagénaire au bord du suicide, Tigrillo, “petite femme” qui se veut entreprenante, Fernanda, brune et indécise, jouant et se perdant avec deux jeunes hommes : Chano, fascinant, insupportable, et Gonzalo, adepte du ballon rond. Tous se frôlent dans un ballet sensuel et complexe, avec pour musique leur solitude. Une histoire d’autant plus touchante qu’elle est universelle, et que ses personnages “pétillant” d’authenticité.
Ce long-métrage de Gerardo Naranjo nous dresse un portrait doux-amer d’une partie de la société mexicaine, à travers ces petits morceaux de vie captés par la caméra.
C’est aussi un récit de rencontres et de ruptures : chaque protagoniste arrive à un point de non-retour, un moment connu de tous : celui où il faut choisir. La caméra joue adroitement afin d’attraper au vol la moindre parcelle d’émotion.

Ainsi, lors de la rencontre entre Jaime et Tigrillo, on peut noter une confrontation entre des mouvements lents et posés, et une caméra à l’épaule, plus vive, plus violente.
Les caméras subjectives immergent le spectateur et participent au déclenchement de ses réactions.
On se surprend en effet à vouloir toucher la peau de Fernanda, ou respirer l’odeur sucrée des cocktails. L’interprétation des acteurs, non-professionnels, est un véritable tour de force : ils suggèrent sans dévoiler, précis et justes.
C’est une œuvre rythmée, sur fond de Sonate au clair de lune, exquise de simplicité. Une ode à la vie.

La toute jeune critique
Salomé Berlioux
Raphaëlle Charpin
Lycée Alain Colas, Nevers


Une romance shakespearienne

Dans une cité balnéaire, Acapulco, des personnes aux vies opposées vont se croiser. Viol, suicide, déchirures, vol, inceste, trahisons, prostitution… sont le lot commun de ce film.
Gerardo Naranjo réussit avec une étonnante maîtrise à jouer avec la temporalité, alternant les ellipses et les flash-back. Le spectateur n’est jamais “voyeur” mais toujours pris à témoin, sans tomber dans le manichéisme : nous ne portons aucun jugement sur ces personnages en rupture dans leur vie, puisque le cinéaste s’applique à ne pas nous en donner les raisons. Le procédé de caméra à l’épaule, utilisé la plupart du temps, renforce le point de vue externe. Par ailleurs, la mise en scène dépouillée met au premier plan les agissements des différents personnages. Le cinéaste ne filme que leurs comportements, laissant au spectateur l’intelligence d’en déduire leur psychologie. Effet de distanciation.
La musique joue un rôle très important dans le film, la Sonate au clair de lune de Beethoven est reprise tout au long du film, dramatisant dans une tonalité shakespearienne les moments d’émotion.

Rivalité amoureuse des deux jeunes gens, Chano et Gonzalo, pour la volage Fernanda, bagarres entre bandes, suicide latent du quinquagénaire, effronterie de Tigrillo, adolescente en fugue, sont autant de thèmes représentatifs du drame romantique. En ce sens, l’utilisation du scope n’est pas une coïncidence.
En dépit d’un scénario écrit un huit jours, d’un tournage sur trois semaines et des acteurs amateurs, le film développe une intrigue aboutie et un grand esthétisme, valorisant la sensualité des personnages.
Malgré la vision pessimiste du film sur le plan social et relationnel, Gerardo Naranjo laisse son film ouvert sur une note d’espoir : séquence de jeu entre ados, au lever du soleil sur la plage d’Acapulco.

La toute jeune critique
Gabriel Bideau
Agathe Hervieu
Coline Crance-Philouze
Léo Vilarem
Lycée Guist’hau, Nantes

La fugue d’une adolescente, l’indécision d’une jeune femme tiraillée entre deux hommes, la fuite impromptue d’un quinquagénaire… Du coucher au lever, le soleil d’Acapulco voit plusieurs personnages se rencontrer, se lier, s’abandonner. Le film de Gerardo Naranjo dresse le portrait d’une génération, quatre adolescents et un adulte en proie à la faillite familiale et professionnelle.
Entre prostitution, abandon et trahison se profile une vision dure mais réaliste d’une jeunesse ballottée entre liberté et dignité. C’est de cela dont parle le film, d’une prise de responsabilités, une nuit initiatique où les couples se font et défont. Energie donc, là où l’image devient instrument de liberté. Voire un peu trop. Caméra à l’épaule, plans trop souvent rapprochés, image instable et esthétique génération MTV, le mal de tête est au rendez-vous.
Bien sûr on rentre dans l’intimité des personnages, bien sûr on se sent à leurs côtés mais il n’en demeure pas moins un sentiment de voyeurisme exacerbé. Où se trouve l’intérêt de montrer un pseudo viol à l’écran ?

Si le film reflète bien l’adolescence il en adopte aussi les mauvais côtés. Manque de précision , de maturité, de régularité, l’énergie est là mais mal maîtrisée. Gerardo Naranjo revendique sa filiation à Innaritu et ses 21 grammes. Mais plus qu’une inspiration on frôle l’imitation. Les caractères sont riches et attachants, les personnages interprétés avec justesse mais le scénario manque de densité pour justifier la destructuration d’un récit où le sens est encore à trouver. Flash-fowards et flash-backs, superposition des intrigues, la recherche est là mais n’aboutit pas. Le final se fait attendre et demeure décevant. L’œuvre, à l’image de ceux qu’elle met en scène, se cherche mais ne se découvre pas.

La toute jeune crituque
Laure Salle
Pierre Varaldi
Lycée Bristol, Cannes


Nuit à Acapulco

Drama/Mex est le deuxième long-métrage du mexicain Gerardo Naranjo. Ce film se passe à Acapulco et nous fait suivre en l’espace d’une nuit trois personnes dans une période charnière de leur vie.
Fernanda, jeune fille déchirée entre deux garçons : Gonzalo et Chano ; Jennifer alias Tigrillo, partagée entre deux mondes : celui des adultes et celui des adolescents ; et Jaime, père de famille suicidaire.
Le scénario n’est pas très original mais la manière dont Gerardo Naranjo met en scène ses acteurs rend le film captivant.
Les personnages semblent n’avoir aucun lien entre eux, mais au fur et à mesure que le film avance, leurs destins se croisent.

 

Le temps de la narration ne suit pas un ordre chronologique. La mise en scène est intéressante car on assiste aux scènes selon différents points de vue. (Au début du film nous sommes au restaurant avec Fernanda. Nous la suivons jusqu’à chez elle. Plus tard on revoit à nouveau la scène du restaurant mais du point de vue de Tigrillo.)
C’est un film sensuel dont toutes les images, souvent cadrées en gros plan, semblent caresser les personnages.
Ce film plaira car il aborde les thèmes de l’amour, du suicide et du passage à l’age adulte. C’est un film de jeunes sur les jeunes.
La toute jeune critique

LUNTALA Ketty Luntala
DJAMBOU Diana Djambou
Lycée Surger, St-Denis

 

Désir(s)

Une nuit qui changera le cours du temps, une nuit qui changera une vie. En vérité, une nuit rythmée par des aventures qui s’entrelacent.
Comment parler de ce long-métrage Drama/Mex, réalisé par Gerardo Naranjo ?
Les personnages se croisent dans un cadre naturel, réaliste et romantique. Gonzalo aime Fernanda, elle tient à lui mais le trompe avec Chano. Par ailleurs, Jennifer s’attache t-elle à la folie ou à l’argent d’un homme beaucoup plus âgé qu’elle ?
Tous ces personnages sont certes, attachants mais aussi souvent très perturbés. Leurs relations peu communes relèvent de la violence. Sans doute est-ce normal lorsque des personnalités très fortes se rencontrent. D’ailleurs, leur langage s’avère parfois vulgaire.

Une histoire révélatrice sur le questionnement des jeunes à propos de l’amour et de l’argent mais qui reste cependant connue et habituelle. On dirait que deux mondes parallèles désirent s’enfermer dans une seule bulle. En effet, Chano va violer Fernanda alors qu’elle va consentir au dernier moment. C’est tout de même une folie réaliste qui s’ancre naturellement dans la vie. Si ce n’est pas de l’amour, c’est de l’attirance pour l’argent, le sexe, ou le côté romantique de l’homme.
Ce film remet en cause l’effet de l’éducation sur la perception de l’amour, voire de la vie. En effet, un environnement instable peut-il justifier pour un adolescent le désir d’une vie stable ?
Faudra t-il la violence pour que Fernanda réalise son amour pour Gonzalo ?

La toute jeune critique
Audrey Trouselle


Dés-illusions

Amour et désamour, vie et tentative de suicides, appel à l’aide et indifférence, voilà le programme chargé du film Drama/Mex. Gerardo Naranjo nous offre comme toile de fond le Mexique, ou plus précisément Acapulco. Deux histoires entrelacées. Un quinquagénaire désespéré, une fugueuse rusé et une jeune fille partagée entre deux garçons. Un type insatisfait de la vie qu’il mène et une tigresse qui essaye de s’en sortir pour dévorer la vie. Une fille riche bercée d’illusions, un voyou en verve, un amoureux éconduit. Une tendre complicité qui voit le jour et un couple de “je t’aime, moi non plus”. De la vulgarité gratuite, des prostituées, un presque viol. Tigrillo/Jaime et Chano/Fernanda/Gonzalo.

Ces deux tranches de vie alternées nous font rapidement voyager d’un monde à l’autre. On peut ne rien trouver d’original dans les thèmes abordés, mais on ne peut sûrement pas dénigrer la qualité de mise en scène de Naranjo.
Tout est vif, vivace, vivant, donnant au spectateur l’impression d’une folle vitalité, d’un second souffle.
La fin ? Une chambre d’hôtel et la plage. L’image finale d’un océan est un clin d’œil rempli d’optimisme, l’avenir des personnages se montrera-t-il sous de meilleurs auspices ? Tout porte à le croire et la promesse de Tigrillo de recommencer une vie le confirme bien.

La toute jeune critique
Aurélie Belin


1h40 –- Mexique - Scénario : Gerardo Naranjo –- Image : Tobias Datum - Son : Omar Gonzalez –- Décors : Claudio Castelli - Montage : Yibran Asuad - Musique : Julio Preciado, Chimo Bayo - Interprètes : Diana Garcia, Miriana Moro, Emilio Valdes, Fernando Becerril, Juan Pablo Casteneda.

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