Qui a tué Bambi ?
Who Killed Bambi?
Gilles Marchand
Sélection Officielle
Hors compétition
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C'était bien là une gageure de situer entièrement l'action de son premier long métrage dans l'univers hospitalier, qui plus est, avec une histoire frisant le cliché de l'innocente élève infirmière amoureuse du beau chirurgien.
Mais Gilles Marchand n'est pas un débutant dans le cinéma : il a été scénariste et conseiller à la réalisation sur les films de Laurent Cantet (Les Sanguinaires et Ressources humaines), de Dominik Moll (Harry un ami qui vous veut du bien) et plus récemment de Thomas Bardinet (Les âmes câlines).
Il va dérouler son roman noir dans le décor volontairement irréaliste d'un hôpital froid et monobloc aux espaces vides et sous dimensionnés, avec une maîtrise qui fera oublier les quelques faiblesses de mise en scène.
Alors qu'elle commence son stage en chirurgie, Isabelle (interprétée tout en justesse par la jeune Sophie Quinton), est sujette à des vertiges et s'évanouit en croisant le chef de service, le ténébreux docteur Philipp (Laurent Lucas)… Peu à peu aussi intriguée qu'attirée par ce médecin qui semble hanter l'hôpital, de jour comme de nuit, Bambi — surnommée ainsi par Philipp pour sa difficulté à tenir sur ses pattes devant lui ! — va mener une enquête qui lui fera perdre son innocence le long d'un parcours à la fois optimiste et terrifiant.

Isabelle devra plusieurs fois franchir la frontière entre le monde de l'enfance (personnifié par Sami, son petit ami attentif et gentil, et localisé dans sa chambre aux couleurs chaudes, séparée de l'hôpital par une forêt…) et celui des adultes (personnifié par sa cousine Véronique, professionnelle, pragmatique et carrée pour ne pas dire psychorigide).
La force du film de Gilles Marchand tient dans ce grand trouble, cet équilibre instable qui naît, non pas comme souvent d'une complexité narrative artificielle, mais au contraire ici d'une simplicité et d'une clarté dans l'exposition des faits (le spectateur est au plus près du point de vue d'Isabelle, tout en gardant un tout petit peu d'avance sur elle, dans la connaissance des actes du docteur). Le travail sur les cadrages, l'opposition des lieux et surtout la bande son réussit à donner une dimension imaginaire et onirique aux gestes les plus concrets d'Isabelle dans son apprentissage professionnel et psychique. Si la maladresse de mise en place de certaines scènes fait parfois un peu patiner la narration, le talent de Gilles Marchand nous fait retrouver avec autant de plaisir que d'effroi les peurs originelles, à l'image de ce magnifique plan final dans la forêt, où l'on peut cacher les morts…

Jean Gouny


2h06 - France - Scénario et dialogues : Vincent Dietschy, Gilles Marchand - Images : Pierre Milon - Décors : Laurent Deroo - Musique : Alex Beaupain, Carlos Dalton, François Eudes, Lily Margot, Doc Mateo - Montage : robin Campillo - Interprétation : Sophie Quinton, Luarent Lucas, Catherine Jacob, Yasmine Belmadi, Michèle Moretti.

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