L'Orphelin d'Anyang
The Orphan of Anyang - Anyangde guer

Wang Chao
Quinzaine des Réalisateurs
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Trois vies et un seul môme...
Anyang est une petite ville de la province de Henan, au nord de la Chine, près du Fleuve Jaune. C'est dans le cœur triste de cette cité que l'Orphelin d'Anyang est abandonné par une jeune prostituée, travaillant trop pour pouvoir s'occuper du bébé. Emmitouflé dans une couverture, un bonnet de laine laissant à peine son regard innocent scruter le monde, il attend dans son couffin qu'une bonne âme le recueille. Cette bonne âme, c'est un ouvrier désœuvré et désargenté par le chômage, manifestement moins apitoyé par le sort de l'enfant, qu'attiré par les 200 yuan mensuels proposés en contrepartie de l'adoption (ça ne fait tout de même pas grand-chose !). Il s'acquitte tant bien que mal de sa tâche et gagnera la confiance de la jeune mère avec qui il se mettra en ménage (ça ressemble toutefois davantage à une association qu'à une vraie liaison…). Un chef de gang local, (im)pitoyable maquereau de la jeune prostituée, improbable père du bambin, aux allures de malfrat tout droit sorti d'un film de Kitano, va bouleverser cet équilibre instable. Condamné par une leucémie, il se met en tête d'assurer sa descendance, décidant que l'Orphelin d'Anyang est son fils...

Donner vie à ces trois personnages, qui dans une Chine pauvre et délabrée, mènent une lutte complexe pour une simple survie à défaut d'une vraie existence, donnant finalement sens à des actes contre nature, n'est pas la moindre qualité du premier long métrage de Wang Chao. Adaptant une de ses nouvelles, filmant en son direct avec des acteurs non professionnels, ce fils d'ouvriers, qui a aussi connu l'usine, dresse un tableau de la Chine urbaine sans concession. Mais si l'on s'attache peu à peu à cette histoire à la narration pourtant un peu molle, ce n'est heureusement pas lié à un pathos qu'aurait pu mettre le cinéaste dans le couffin du bébé, mais grâce à un filmage plein de vertus prometteuses. Dans de longs plans séquences, la caméra, fixe, dessine des cadres larges mais précis, dont la richesse naît non pas des tensions entre champ et hors champ, mais de celles, plus fortes, entre trois espaces savamment composés dans la profondeur de l'image.
Nul doute qu'avec davantage de moyens, Wang Chao, avec ses qualités d'auteur, donnera rapidement la pleine mesure de son talent.

Jean Gouny


1h14 - Chine - Scénario : Wang Chao adapté d'une de ses nouvelles - Image : Zhang Xi - Son : Wang Yu - Décor : Wang Chao - Montage : Wang Chao - Interprètes : Zhu Jie, Sun Guilin, Yue Sengyi.

 

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