Avalon
Oshii Mamoru
Sélection Officielle
Hors compétition

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Le film a ses fans qui essaient tant bien que mal d'en faire une œuvre culte et prennent Mamoru Oshii pour un nouveau génie du cinéma. À la sortie du film, Télérama y décelait « poésie, méditation, voire davantage si affinités », tandis que Libération écrivait « qu'une étape historique vient d'être franchie par ce film » et que Le Monde se pâmait devant « un jeu vidéo, d'essence labyrinthique, exploité de manière métaphysique. »
Le scénario n'est pas de tout repos : dans un futur proche, l'île d'Avalon accueille des visiteurs nombreux à fuir la réalité pour un jeu de guerre virtuel sur fond de légende. Si le jeu vidéo permet de décrocher le jackpot, il peut aussi devenir une version trash de « Quitte ou double », les perdants transformés en vrais légumes dans des hôpitaux. Point de second degré, pas une once d'humour dans le traitement de Mamoru Oshii qui assume les conventions. Mais là ou David Cronenberg imposait un véritable style et une vision d'auteur dans eXistenZ, et là ou le premier Matrix conciliait grand spectacle et virtuosité narrative et visuelle, le réalisateur signe une œuvre en porte-à-faux.

Se référant plutôt aux premiers Lars von Trier ou à l'univers envoûtant de Tarkovski, mais sans le brio de ces maîtres, il bricole de poussifs coups de théâtre dans un récit abscons étiré en longueurs, d'un ennui rédhibitoire. Ennui qui sera aussi la caractérique de Innocence : Ghost in the Shell 2, le film d'animation qu'il présentera en 2004 (voir l'article de Marie-Jo Astic).
Pourtant, le cinéaste n'est pas sans savoir-faire et Avalon, qui suit la mode du cinéma basé sur l'opposition virtuel/réel, a des attraits indéniables. La photographie est belle et rend à merveille le climat d'étrangeté qui s'imposait, et Oshii évite l'abus d'effets numériques qui tiennent souvent lieu de style pour les tâcherons ne jurant que par la technique. Le jeu sur la couleur et le noir et blanc, dans la dernière séquence, est plutôt subtil. L'œuvre échappe aussi au ridicule d'un Demonlover, nanar de mémoire qu'Olivier Assayas commettra l'année suivante.
Avec ses qualités et ses défauts, Avalon mérite l'estime globale et ne devrait pas laisser indifférents les happy few.

Gérard Crespo


1h46 - Japon - Scénario et dialogues : Ito Kazumori - Images : Gregory Kedzierski - Musique : Kawai Kenji - Décors : Barbara Nowak - Interprètes : Malgorzata Foremniak, Wladyslaw Kowalski, Jerzy Gudesko, Dariusz Biskupski, Bartek Swiderski, Katarzyna Bargietowska.

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