Assassinat en février
Asesinato en febrero
Eterio Ortega Santillana
Semaine Internationale de la Critique
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Asesinato en febrero est un documentaire sur le problème basque qui ne parle pas du problème basque. Il s'évertue surtout à nous dépeindre la douleur des familles que la mort frappe de la façon plus violente et la plus inattendue possible. Hélas, le film est aussi très confus : on ne comprend qu'au bout d'un certain temps qu'il s'agit du témoignage des familles de deux victimes distinctes et que ces victimes sont celles d'un attentat basque. Le mot "basque" n'est d'ailleurs prononcé qu'après trois quarts d'heure de film. Il traite des conséquences du terrorisme basque sans essayer d'en comprendre les causes. On déplorera la vision manichéenne et engagée de façon ostentatoire du côté des pauvres victimes innocentes, puisque le seul côté basque est représenté par un terroriste montré comme une machine à tuer sans âme. Les motivations politiques de l'attentat sont complètement passées sous silence et de ce fait, l’intérêt du documentaire, qui aurait dû se situer dans la confrontation entre les deux camps est totalement éclipsé. Une mise en scène tend à

“fictionnariserî l'histoire et nous montre un terroriste digne d'un film noir des années trente, ce qui renforce le côté hors-sujet du
documentaire : il est présent mais on ne parle ni des raisons de ses agissements ni du rôle des victimes dans le conflit. Néanmoins, on sait qu'une des victimes était garde du corps, mais là encore, on effleure seulement le sujet, sans en parler vraiment comme si cela n'avait aucune importance, si seule importait la peine des familles. Le but semble être de nous montrer toute l'horreur du terrorisme, en nous l'imposant, donc sans nous permettre d'y réfléchir de façon objective, ce qui devrait être la fonction du documentaire.
Pour renforcer l'aspect horrible du film, on arrive enfin au fameux attentat, apogée du "compte à rebours" mis en place tout au long du film. Le documentaire se termine donc sur un attentat fictif sensé reproduire la réalité. Or, cela laisse plutôt une impression de ridicule...

Laure Protat


1h24 - Espagne - Scénario : Elías Querejeta et Etero Ortega Santillana - Photo : Daniel Salas - Son : Martín José Guridi et Carlos Faruolo - Musique : Angel Illarramendi - Montage : Meco Paulogorrán.

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