Amour d'enfance
Boyhood Loves
Yves Caumon
Sélection Officielle
Un Certain Regard

Prix Un Certain Regard - Altadis
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Paul, étudiant à Paris, a dû recevoir un coup de fil de sa mère, certainement très discret mais lui faisant comprendre que son père ne vivrait sans doute plus très longtemps. La caméra le suit sur les routes du Tarn, avant qu'il arrive à son village. Première approche distanciée, où l'on sent que le temps a passé et qu'il n'est plus tout à fait chez lui, mais plutôt en visite. Il rencontre Odile, petite sœur de son ancien amour d'enfance, Brigitte : Odile a grandi, elle est maintenant une toute jeune femme. Première rencontre qui installe l'appréhension de Paul et semble vouloir retarder un peu l'arrivée dans la maison familiale. Loin d'être spectaculaires, les retrouvailles avec sa mère sont une des très belles scènes du film : derrière les mots qu'il faut pour dissiper très vite la première gêne, pour que Paul se sente à son aise chez lui, déborde involontairement l'expression d'une souffrance trop longtemps contenue. Comme si sa mère découvrait à cet instant même le poids beaucoup trop lourd d'un fardeau qu'elle a dû porter seule. La rancune non-dite, la violence contenue du père terré dans sa douleur finissent de donner à Paul la mesure du vide créé par son départ.

Alors Paul va essayer de se rendre utile : au travail de la ferme, à l'entretien de la maison qui s'étiole, à débarrasser de ses pierres un terrain, parce qu'il a appris que la maladie a empêché son père de le faire. Gestes dérisoires et inutiles, gestes qui ne sont pas ceux d'un “de la villeî. A part le rôle de Paul – excellent Mathieu Amalric – Yves Caumon a travaillé avec des personnages locaux, du sud-ouest, qui, avec leur accent portent également leur manière d'être et de penser et la blessure de la désertification de leur campagne. Derrière cette histoire toute simple, jamais démonstrative ni explicative, le film laisse à chacun la latitude de deviner les sentiments et de traduire les silences. " Pourquoi les choses changent ? " Question naïve, mais qui donne à Paul le sentiment d'être passé à côté de quelque chose : peut-être aurait-il épousé Brigitte… la propriété ne se serait pas délabrée et on n'aurait pas été obligé de la vendre. Ce n'est pas quand il est parti, mais aujourd'hui que Paul doit se résigner à un grand trait sur son enfance.

Marie-José Astic


1h42 - France - Scénario et dialogues : Yves Caumon - Images : Julien Hirsch - Musique : Thierry Machuel - Montage : Sylvie Fauthoux - Interprètes : Mathieu Amalric, Lauryl Brossier, Fabrice Cals, Michèle Gary, Roger Souza.

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